Interprétation idéaliste du paradoxe EPR
Rompre l'invariance relativiste ?
Les lois de la physique (au sens strict) sont invariantes
relativistes, mais ne décrivent que la structure de l'espace de
Hilbert, pas la réduction du paquet d'ondes. Comme la réduction du
paquet d'ondes n'est pas un processus physique, mais un événement
conscient (métaphysique), elle n'a pas besoin d'être exactement
soumise aux structures des lois physiques (comme l'invariance
relativiste), ni de quelconques "autres lois de la physique" dans le
sens d'une description mathématiquement bien définie au niveau
microphysique. Au lieu de cela, une description en termes de
structures émergentes, et précisément les structures de la
décohérence, semble correspondre bien mieux aux principes
métaphysiques.
Dans ce contexte, la méthode suivie par la Matrice pour "réduire le
paquet d'ondes" n'est liée à aucune nécessité fondamentale de
respect de l'invariance relativiste. Il n'y a pas d'obstacle
théorique à concevoir ses opérations comme basées sur un "temps
universel" qui admet une relation de "simultanéité absolue" entre
les événements conscients, tant que cette relation de simultanéité
reste compatible avec la relation physique d'indépendance causale
dans l'espace-temps.
Or, le caractère non-physique d'une telle structure de simultanéité,
s'il en faut une, lui donne des avantages majeurs par rapport à
l'usage d'un tel concept dans d'autres interprétations de la
physique quantique (comme les variables cachées et certaines
réductions spontanées):
- Elle se moque de l'impossibilité de spécifier une
détermination mathématique naturelle de la façon dont elle
devrait évoluer dans l'espace-temps au gré de la courbure de
celui-ci décrite par la relativité générale;
- Elle n'a pas besoin d'exister entre tous les points
d'espace-temps physiques, car il lui suffit d'exister entre les
esprits individuels, pour ordonner leurs évènements conscients
de perceptions physiques;
- On n'a pas besoin de chercher une quelconque reconstruction
mathématique de la théorie quantique des champs relativement à
cette structure de simultanéité pour formuler de nouvelles lois
de causalité physiques non-locales pour la réduction du paquet
d'ondes (ou sélection de monde).
Ou bien la restaurer ?
Cependant, cette seule absence d'obstacle majeur à l'idée d'une
structure de simultanéité absolue dans la Matrice, lorsque le
paradoxe EPR semble utiliser une communication plus vite que la
lumière pour expliquer les résultats observés, ne me semble pas
encore une raison suffisante pour conclure positivement qu'une telle
structure existe réellement. La physique quantique elle-même nous a
appris à être prudent avec toute hypothèse de réalité cachées, que
ce soit des objets physiques ou des variables cachées, comme des
causes de nos perceptions. Et elle indique aussi qu'une attitude
positiviste logique peut être plus pertinente pour décrire le monde.
La Matrice étant elle-même une affaire de conscience et de
connexions entre les perceptions des esprits individuels, même si sa
façon de travailler est cachée, pourrait avoir elle-même, après
tout, un «comportement positiviste logique» par lequel
d'hypothétiques «causes cachées», telles qu'une structure de
simultanéité cachée à la racine de la non-localité quantique,
continueraient à jouer à cache-cache avec nous jusqu'à la fin, et
les observations continueraient obstinément à maintenir l'apparence
d'une invariance relativiste.
Considérons maintenant cette dernière hypothèse et voyons où elle
mène.
Considérons une expérience EPR où les deux événements de mesure A et
B (perceptions conscientes) sont séparés par un intervalle de type
espace, de sorte que la question de savoir lequel a lieu en premier,
n'est pas un invariant relativiste.
Suivant un point de vue, A se produit en premier, de sorte qu'il
"choisit" son résultat, seulement lié par la contrainte de
compatibilité avec la loi de probabilité quantique comme elle se
présente en l'absence de la mesure B. Puis B se produit, mais dans
un contexte différent: son «choix» est lié par le fait que A est
arrivé premier, qui a modifié la probabilité quantique rencontrée
par B, par rapport au cas où A n'a pas eu lieu. De plus, dans le cas
extrême où les deux mesures sont faites le long du même axe
exactement, B n'a plus le choix.
Dans l'autre point de vue, l'ordre de temps entre A et B est
inversé, de sorte que la même histoire peut être dite, mais
échangeant les rôles de A et B.
Maintenant la question est: peut-on réconcilier les deux points de
vue, en combinant leurs exigences, et en racontant l'histoire d'une
manière qui maintient la symétrie entre A et B?
Notons que si A vient en premier, mais les deux mesures se trouvent
effectuées dans la même direction, alors le résultat de B ne peut
pas être choisi du tout, mais est déterminé par le résultat de A.
Mais cela doit rester vrai réinterprété en disant que B vient en
premier. Dans ce cas, la question de savoir si B a le choix ou non,
ne peut pas dépendre du fait que les directions de mesures sont les
mêmes ou non, puisqu'on ne peut pas absolument affirmer que la
direction de A ait été déjà choisie. Nous devons donc conclure que,
de toute façon le résultat de B n'est pas choisi du tout, quoi que A
puisse faire.
Notons que cette conclusion coïncide simplement avec la façon dont
les choses apparaissent naturellement: quand on observe quelque
chose, on n'a pas l'impression de faire un choix sur le résultat de
notre observation. Le résultat a tout l'air d'être donné de
l'extérieur. Cependant, il ne peut pas venir d'une réalité physique
extérieure, car ... une telle réalité n'existe pas, et le résultat
de mesure n'a pas réellement existé avant d'avoir été perçu.
Au lieu de cela, ce qui existe en dehors des esprits individuels, et
qui fournit les données de perception, est la Matrice. Et la Matrice
fournit à chaque esprit individuel ses données de perception, chaque
fois en réaction immédiate au fait que cet esprit est sur le point
de recevoir cette perception (donc après décohérence). Et pour que
ce comportement de la Matrice garde une invariance relativiste, elle
doit opérer strictement, dans sa façon de «choisir» les données, un
hasard conforme aux lois de probabilités quantiques, de manière
holistique, non-locale.
Mais que dire si les expériences ne confirment pas cela, mais au
contraire, affichent un effet de déviation des résultats, même quand
il y a plusieurs observateurs (et avec une amplitude encore plus
élevée)? Peut-être, parce que cela ne peut pas constituer de toute
façon une communication plus rapide que la lumière, les différents
observateurs étant assez proches les uns des autres et ils ayant un
retard de perception de, peut-être 0,1 s, ce qui est beaucoup plus
lent que le temps nécessaire à la lumière pour traverser la distance
entre eux; de sorte que ce n'est pas "dire qui observe le première
dépend du système de coordonnées de l'espace-temps", mais "tous les
observateurs sont également les premiers observateurs de toute
façon".
Hasard contre Libre Arbitre
Les considérations ci-dessus suggèrent une «raison» possible pour
laquelle la plupart des expériences physiques semblent suivre
strictement les probabilités quantiques, au lieu de laisser
l'observateur influencer les résultats par son libre arbitre. Cette
raison est, en fait, tout à fait naturelle: que, lorsque les
expériences sont faites sur des systèmes externes, sans vie, il n'y
a pas de clairement premier observateur du résultat de mesure d'un
point de vue invariant relativiste; alors, la Matrice réagit à cette
ambiguïté en fournissant le résultat au hasard, sans laisser
personne l'influencer.
De là, vient une idée de réponse sur en quoi la situation à
l'intérieur du cerveau diffère, de manière à ouvrir la possibilité
pour l'esprit d'exercer le libre arbitre à l'intérieur du cerveau en
déviant les résultats de perception d'un hasard qui obéirait aux
probabilités quantiques: que, quand un processus aléatoire quantique
se produit l'intérieur d'un cerveau, il y n'a qu'un seul esprit qui
soit clairement le premier observateur de ce processus, sans
ambiguïté sous une perspective invariante relativiste.
L'intérêt de cette idée, est qu'elle pourrait être testée
expérimentalement, en fixant un générateur de hasard quantique dont
la sortie serait soigneusement confinée pour avoir un premier
observateur clairement bien défini, et vérifier si la volonté de cet
observateur peut influencer la sortie de ce générateur. La façon la
plus évidente utiliserait un dispositif du genre Google Glass pour
projeter directement de tels signaux lumineux aléatoires sur la
rétine. Cependant, je ne suis pas sûr qu'une telle méthode de
confinement suffiraient. Si elle échoue, cela pourrait être dû à un
isolement insuffisant. Peut-être, un succès efficace exigerait
d'insérer un générateur aléatoire directement dans le cerveau. Une
telle expérience pourrait être essayée sur les animaux aussi, mais
il serait beaucoup plus difficile de leur expliquer de "tenter
d'influencer le résultat par volonté" ...