Une dérivation simple des équations de Friedmann
La structure mathématique de l'expansion de l'Univers suivant la Relativité Générale, est remarquable pour être à la fois :
Elle peut ainsi servir de bonne introduction à la Relativité Générale.
(Une introduction plus complète à la relativité générale sera développée plus tard).
Prérequis nécessaire : les différentes notions de courbure en géométrie.
Principe cosmologique
Ce principe dit que l’univers est
Bien sûr, ce principe n’est pas exactement vrai dans notre univers (il y a des inhomogénéités locales), mais c’est une approximation relativement bonne aux grandes échelles. Nous allons donc ici le supposer vrai, pour obtenir simplement une première approximation décrivant l’expansion de l’univers.
Les propriétés de l’espace-temps et de la matière seront décrites par des variables qui sont des fonctions implicites du temps t défini comme étant l’âge de l’univers (l’âge d’une galaxie depuis le Big Bang, dont le mouvement a suivi l’expansion de l’univers).
La dérivée de chaque variable par rapport au temps sera notée par le symbole prime ( ').
Distance
Comme t est
une fonction (champ) dans l’espace-temps, chaque valeur de t
coupe l’espace-temps par un sous-espace S à 3 dimensions
de type espace (i.e. sans extension temporelle), constitué de
toutes les galaxies à l’âge t (qui ressemble donc à
l’espace usuel).
Tous les espaces se correspondent (sont l'image les uns des
autres) par de simples changements d'échelle. Ainsi, ils peuvent
être représentés par la même carte
tridimensionelle de galaxies dans l'univers, qui est localement
fidèle (montrant comment les galaxies se rapportent à leurs
voisines, vue par un observateur local suivant l'expansion), avec
une échelle qui dépend du temps. Cette carte possède sa propre
géométrie à trois dimensions de type espace (localement euclidien
en première approximation, et avec une courbure constante grâce au
principe cosmologique, donc soit euclidien, soit sphérique ou
hyperbolique en fonction du signe de la courbure).
Dans ce plan, on peut considérer des surfaces et des triangles.
Fixons un choix de 2 galaxies, et définissons la variable r comme désignant leur distance dans S. Donc, r est définie en additionnant les petites distances dans une chaîne de galaxies intermédiaires alignés entre les deux, toutes prises au même âge. Ou pour justifier le même formalisme d'une autre façon, on peut simplement prendre 2 galaxies proches de sorte que r sera "petit" (elles peuvent échanger de la lumière en un temps "court" par rapport à l'âge de l'univers) et les propriétés seront considérées relativement à cette approximation.
La "constante" de Hubble (qui varie aussi dans le temps) est
H = r'/r
et est indépendante du choix conventionnel de galaxies dont la distance définit r (un autre choix multiplie r par un même nombre au cours du temps, laissant H inchangée comme fonction du temps).
Du fait des symétries de l’espace-temps dictées par le principe cosmologique, parmi les 20 composantes de la courbure de Riemann de l’espace-temps autour d’un point dans un système de coordonnées locales, seules 6 seront non nulles. Ce sont les éléments diagonaux de la matrice 6×6 de courbure de Riemann, et correspondent aux effets de la courbure de l’espace-temps, sur les courbures de Gauss de petites surfaces dans chacune des 6 directions des surfaces (suivant les paires d’axes de coordonnées).
De plus, pour la même raison, ces 6 composantes peuvent être résumées en 2 variables :
Les 3 composantes « purement spatiales » (de directions (x,y), (x,z), (y,z)) ont la même valeur, que nous noterons ici R. C'est la courbure gaussienne autour de tout point d'une "petite" surface de type spatiale, qui est extrinsèquement "droite" ou "plate" (sa courbure extrinsèque est nulle). L'annulation de la courbure extrinsèque dans la 3ème dimension spatiale est naturelle ici pour des raisons de symétrie, mais la courbure extrinsèque dans la direction temporelle doit être considérée, étant proportionnelle au mouvement d'expansion (comme l'expansion universelle) des instruments qui mesurent cette surface comme étant dans une direction "purement spatiale", comme ensemble d'évènements "simultanés". Mais S est incurvée dans la dimension temporelle par l'expansion universelle. Ainsi, la composante R «purement spatiale" de la courbure espace-temps, diffèrera de la courbure intrinsèque de S. La mesure correcte de R nécessite de prendre une surface «plate» (de courbure extrinsèque nulle) tangente à S au point considéré, et peut être définie comme instantanée relativement à un appareil sans mouvement d'expansion, au lieu d'utiliser la variable de temps t.
Les 3 courbures dans les directions spatio-temporelles (les
directions (x,t), (y,t),
(z,t)),
se manifestent par la décélération de l’expansion. En effet,
considérons une seule dimension spatiale, à laquelle on ajoute
un "temps" sous forme d'une deuxième dimension spatiale, et
donnons à cet espace bidimensionnel une géométrie sphérique
(ou plus généralement, une géométrie invariante par rotation
autour d'un pôle), où la coordonnée de temps t est la
latitude (distance au pôle), les espaces S de chaque
instant (de « direction spatiale ») sont les
parallèles (et l'équateur), et le rôle de lignes d'univers des
galaxies (de « direction temporelle ») est joué par
les méridiens. Définissons la «distance» r entre deux
méridiens donnés par la longueur d'arc du parallèle qui les
relie. Alors, en parcourant un méridien (à vitesse constante
conventionnellement égale à 1), la courbure de Gauss de la
sphère « accélère » attractivement (freine) la
croissance de r, proportionnellement à r. Donc
cette courbure gaussienne est définie par −r"/r.
En effet, est l'angle entre les directions temporelles des
deux galaxies, mesuré par transport parallèle le long de S,
donc −r" est le flot d’angles reçu du transport
parallèle autour d’une surface d'espace-temps (le segment entre 2
galaxies, étendu dans le temps) dont l’aire entre les temps
t1 et t2 augmente à la "vitesse"
r (quand t1 est fixe et t2
varie), qui est le flux d'aire balayée par son bord t=t2, arc de parallèle de
longueur r, progressant à vitesse unité quand t2 varie. Mais pour donner à
cette quantité (courbure gaussienne d'espace-temps) le même
type qu’une courbure gaussienne spatiale en convertissant
convenablement les quantités d'espace et de temps, on définit
Soit une troisième galaxie telle que, dans S à chaque
instant, l'aire du triangle formé par les 3 galaxies est r2.
Cette propriété est conservée au cours du temps (avec les mêmes
galaxies), l'aire d'une surface en expansion restant
proportionnelle à r2.
Soit
où k est la courbure intrinsèque (gaussienne) du
triangle, et les angles sont définis dans S, donc sont
fidèles à la façon dont chaque galaxie voit naturellement les deux
autres galaxies dans son ciel nocturne.
La courbure gaussienne de ce triangle est une somme de deux
contributions :
k = R + h
où R est la courbure intrinsèque de l'espace-temps dans les directions spatiales (expliquée ci-dessus), et h est la contribution due à la courbure extrinsèque de S dans la dimension temporelle. Cette courbure extrinsèque est donnée par le coefficient de Hubble H = r'/r.Il contribue à la courbure intrinsèque de S par son carré: h = − H2/c2
Le coefficient de cette formule est celui nécessaire pour ajuster les types de quantités, par la conversion générale entre les quantités d'espace et de temps:Dans un espace-temp plat euclidien, r serait proportionnel à t de sorte que H=1/t. Alors S serait une sphère de rayon t en unités de temps, ou c't en unités spatiales, et de courbure extrinsèque 1/c't = H/c' qui contribue à la courbure gaussienne par son carré H2/c'2. Enfin, la règle de substitution c'2 = − c2 donne le résultat.
Cette contribution a un signe négatif, puisque dans la géométrie de Minkowski (dans un espace-temps de Minkowski plat), une "sphère" avec un rayon de type temps, est un hyperboloïde à deux nappes, dont la géométrie (donnée par l'espace-temps de Minkowski ambiant, à ne pas confondre avec un hyperboloïde à deux nappes dans un espace euclidien) n'est pas sphérique mais hyperbolique, avec une courbure gaussienne négative constante − H2/c2.
K = (R −
H2/c2).r2
= R.r2 − r'2/c2
R'.r2 + 2 Rrr'
− 2r'.r"/c2 = 0
R' + H (2R − 2Rt) = 0
Introduisons les notations
−E' = P(r3)'
= 3 P r'r2
E' = (U r3)' = U'r3
+ 3 Ur'r2
U' + 3 H (U + P)
= 0
L'équation de la relativité générale d'Einstein relie les 10
composants du tenseur énergie aux 20 composants du tenseur de
courbure de Riemann, d'une manière qui plus précisément exprime
les premiers comme fonction des seconds.
Mais, dans le cas simple de l'expansion universelle, ceci se
réduit à une relation entre les deux paires de variables:
La relation n'invoquera pas la variable H, qui ne décrit
pas directement une grandeur physique locale (mais seulement la
variation de notre système de coordonnées).
Nous allons obtenir cette relation à partir des équations ci-dessus, en supposant leurs termes proportionnels, avec un coefficient de proportionnalité que nous définirons comme 3/G* (en fait G* = 8πG/c4, où G est la constante de gravitation de Newton) :
G* U' = 3R'
G* (U + P) = 2R − 2Rt
Integrant la première équation on obtient
Λ + G* U = 3R
Λ− G* P | = R + 2 Rt |
6 Rt | = 3Λ − 3R − 3G* P |
6 Rt | = 2Λ − G* (U +3P) |
Enfin, par Rt = r"/rc2 nous obtenons la loi d'évolution de l'expansion
L'évolution de l'expansion peut être exprimée sous forme intégrée
(utilisant r' au lieu de r'') en utilisant la
valeur constante de K = R.r2 − r'2/c2
qui a été ignorée alors que nous n'avons utilisé que l'annulation de sa dérivée:
Cela ressemble à l'équation de mouvement d'une particule dans un champ d'énergie potentielle, interprétant
Si Λ > 0 alors le terme − (c2Λ r2/6), qui peut être négligé pour les petites valeurs de r, sera le terme dominant pour les grandes valeurs de r. Avec un tel potentiel, le mouvement d'expansion universel se comporte comme un système mécanique divergeant à partir d'un point d'équilibre instable, donc à une vitesse exponentielle par rapport au temps, avec pour temps caractéristique 1 / c√ Λ/3 .
Soit
Alors le dernier terme de l' "énergie potentielle" estm = (4/3)πr3ρ la masse dans une boule de rayon r, de sorte que E= c2ρr3 = (3c2/4π)m
G = c4G*/8π
− (c2G*/6) E/r = − G m/r
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English version : Expansion of the Universe in General Relativity
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