Un fondement dualiste esprit/mathématique de la réalité physique
Résumé. Suivant une version raffinée de
l'interprétation de Wigner de la physique quantique, l'Univers
physique est expliqué comme une partie du monde mathématique (une
histoire spécifique parmi les mondes multiples d'Everett)
distinguée par le fait d'être perçue consciemment. La physique est
l'étude de la face mathématique de cette combinaison, qui est une
réalité mathématique platonique légèrement moins qu'infinie. La
conscience fournit la substance du temps et du hasard (au-delà de
leurs formes mathématiques en tant que 4ème dimension et lois de
probabilité).
Univers non-mathématiques
L'univers tel que décrit par la physique est hautement
mathématique. Mais comment un univers pourrait-il être autrement
? Voici quelques alternatives:
- Un univers bassement mathématique est un univers
algorithmique, tel que le Jeu de la Vie de Conway. Ses lois sont
très simples; toutes leurs conséquences s'en déduisent à force
de calcul brut suivant une méthode fixe, que des astuces
imaginatives ne sauraient guère aider à simplifier
(court-circuiter). Si certaines configurations savamment conçues
peuvent simuler toute machine de Turing, la plupart des autres
se comportent de manière chaotique. Même l'examen de milliers de
cas ne nous aide guère à deviner les effets à attendre d'un
autre pixel de perturbation, qui semblent aussi ennuyeusement
aléatoires qu'une liste de nombres premiers. Et l'applicabilité
répétée de la même loi d'évolution vient à chaque fois comme
admise «sans raison».
- À l'autre extrême, un univers non-mathématique est
purement fait de sentiments et de qualités, où aucune mesure
quantitative objective ne peut être appliquée.
Mais si une grande quantité de données quantitatives est mesurée,
on peut l'analyser en termes de ses corrélations, à savoir sa loi de
probabilité globale, qui correspond à un format de compression
(modulo équivalence par conversion préservant la taille): le
fichier compressé exprime la partie contingente de la réalité
causant ou expliquant le fichier des données observées, tandis que
le format de compression exprime la loi (comment les choses
fonctionnent; mais si ses succès cessent lorsque les observations
s'étendent, les variations de la loi deviennent alors des données
contingentes à ajouter au fichier compressé).
Cette quête de lois interprétant des observations données, peut se
heurter à différents obstacles:
- Pour qu'une loi puisse être vérifiée, elle doit réussir à
compresser effectivement le fichier d'observations, ce qui exige
que les données observées soient assez larges pour que certaines
de leur parties dépassent la complexité de leurs causes cachées
(la partie correspondante du fichier compressé). Mais par
exemple, les fluctuations des cours boursiers ne peuvent pas
révéler à elles seules les causes économiques plus complexes de
leurs sursauts derrière leurs apparences browniennes.
- Lorsque la gamme des observations s'étend et des lois plus
complexes sont testées, la quête pourrait ne jamais converger
vers une «meilleure loi finale». Mais qu'est-ce qui peut
conduire un univers à suivre une série infinie de lois de plus en
plus précises et complexes qui «surviennent» simplement sans
suivre elles-mêmes de lois plus profondes ?
- Si la version trouvée la plus compressée du fichier est encore
lourde, son contenu semble aléatoire, autrement dit inexpliqué,
mais l'impossibilité de mieux expliquer (comprimer) ce fichier,
reste de toute façon indémontrable (théorème de Chaitin).
- La vraie loi peut échapper à cette recherche si elle n'est pas
algorithmique, qu'elle soit encore mathématique (comme la
constante de Chaitin), ou pas mathématique du tout.
Mais comment peut-on concevoir une loi non-mathématique ?
Lois psychologiques et test de Turing
Les oeuvres d'art telles que les compositions musicales, suivent des
«lois artistiques». De même, la psychologie a ses lois: les gens
sont plus susceptibles de suivre des comportements «ayant un sens»,
que des comportements «absurdes». Cette loi est non-algorithmique si
la mesure du «sens» ne peut pas être définie de façon algorithmique.
Le fait que les lois psychologiques n'admettent pas de bonnes
approximations algorithmiques, peut être vérifié par le test de
Turing: on constate que les algorithmes candidats échouent à
approcher les lois psychologiques lorsque leurs réponses restent
humainement évaluées comme «absurdes», tandis que celles produites
par les humains se trouvent «avoir un sens».
Au lieu d'algorithmes, on ne peut pas utiliser de liste exhaustive
des «comportements ayant un sens» parce que, pour être prête à toute
épreuve, la production d'une telle liste (trop grosse pour être
stockée dans un ordinateur) nécessiterait des travaux démesurés de
vraies consciences. Alors le sentiment que les réponses proviennent
d'une personne réelle, ne serait plus vraiment erronné. Ce serait
une erreur partielle si le véritable auteur était un comédien autre
que la personne prétendue, mais sa simulation risquerait d'échouer à
maintenir le réalisme dans le long terme s'il n'avait pas en quelque
sorte réellement vécu ce qu'il prétend.
Temps et imprévisibilité en mathématiques
Une telle imprévisibilité des comportements qui nécessitent une
«substance réelle» pour fournir un résultat correct, se produit
également en mathématiques. Un exemple typique est l'indécidabilité
du problème de l'arrêt: aucun calcul ne peut toujours prévoir avec
certitude en un temps illimité mais fini (en utilisant l'infini
potentiel) le dernier mot des résultats possibles de tout autre
calcul muni de ressources illimitées (puisque l'énoncé qu'un
algorithme ne s'arrêtera pas, dépend de l'infini actuel).
Des choses semblables se produisent «après l'infini»: lors de
l'interprétation d'une théorie dans un modèle éventuellement infini
mais fixe, le
processus d'interprétation des formules est ordonné dans le temps,
des formules les plus simples jusqu'aux plus complexes dont les
valeurs dépendent de celles de leurs sous-formules. Par le théorème
d'indéfinissabilité de la vérité, la définition générale de la
vérité pour toutes les formules dont les variables parcourent un
ensemble donné, ne peut pas s'écrire par une seule formule aux
variables dans le même ensemble, mais nécessite l'utilisation d'un
plus grand ensemble. Ceci peut être compris en termes d'un ordre
temporel dans la réalité mathématique (indépendant de notre temps):
le plus grand ensemble est le prochain ensemble du passé, englobant
le passé actuel avec l'infinité de ses possibles descriptions
formelles présentes.
Existence consciente contre existence mathématique
Tous les calculs possibles existent (ou existeront)
mathématiquement, en tant que systèmes mathématiques. Qu'est-ce
qu'une «existence physique» d'un univers dans lequel un calcul «se
produit», peut apporter à ce calcul par rapport à d'autres calculs? De toute
façon, toutes leurs étapes élémentaires se reproduisent fréquemment
dans tout univers «physiquement existant» ou «non existant». Un
univers spécifique comporte une série d'opérations spécifiques «se
produisant ensemble en un lieu», avec la propriété mathématique de
représenter un calcul global spécifique, mais et alors ? Comment une
mélodie pourrait-elle exister, non seulement comme une succession de
sons mais bien comme une mélodie, sans quelqu'un pour l'entendre?
Comment une pensée peut-elle exister, non seulement comme une
propriété mathématique d'un calcul cérébral, mais aussi comme
ressentant quelque chose, sans l'ajout fondamental d'une âme
immatérielle dans le cerveau pour effectivement sentir les
opérations du cerveau ?
Aucun concept d'«existence physique» donné à un univers «à un
niveau fondamental», ne peut ajouter quelque chose à ses
structures mathématiques émergentes (non fondamentales) de calcul
cérébral, pour les faire «exister» plus que d'autres structures
qui «se produisent» dans des univers physiquement non-existants
(mais mathématiquement existants). Comme nous verrons, la
perception consciente des structures mathématiques peut expliquer
et constituer leur «existence physique», et non l'inverse.
La conscience peut explorer les mathématiques, mais les
mathématiques ne peuvent pas décrire la conscience. Alors que la
réalité mathématique est analytique (les systèmes sont divisibles
en parties, jusqu'aux éléments purs), la conscience est
fondamentalement synthétique (ses divisions ne peuvent être que
des approximations). Les événements conscients sont sujets à
l'ordre temporel, qui est l'ordre de leur existence relative: un
événement A «venant avant» un événement B, est un événement qui
existe dans B (en mémoire, même s'il peut être difficile à
consulter). En d'autres termes, les événements passés existent,
mais les événements futurs ne sont pas encore déterminés.
La conscience se trouve être approximativement divisée en une
multitude d'esprits individuels, qui coexistent «quelque part
profondément à l'intérieur» les uns des autres, dans une Matrice
commune (Dieu), comme on peut dire que des objets physiques
individuels coexistent dans un espace physique commun, duquel ils ne
peuvent pas être dissociés.
Un univers physique a besoin d'une «loi de probabilité» ...
Un univers purement mathématique aux lois déterministes (avec une
taille limitée de données contingentes compressées quel que soit le
volume d'observations, comme l'ensemble de Mandelbrot qui ne dépend
que de l'endroit où vous le regardez) ne permettrait pas d'inclure
le libre arbitre (expression des lois psychologiques). Il pourrait
être observé consciemment, mais non modifié. Ce ne serait nullement
un univers hospitalier.
Dans un univers de sentiments purs on ne peut rien analyser
mathématiquement. Les possibilités restantes sont des univers où les
observables peuvent (dans l'ordre du moins mathématique au plus
mathématique):
- Prendre des valeurs arbitraires seulement sujettes aux lois
psychologiques, où toute approximation par des lois
mathématiques resterait insatisfaisante;
- Être délimitées par un ensemble de possibilités défini
mathématiquement, parmi lesquelles les choix sont gouvernés par
des lois psychologiques (comme dans le cas précédent);
- Suivre une loi de probabilité mathématique clairement
privilégiée (excluant donc les résultats dont la probabilité
s'annule) de laquelle les résultats réels peuvent diverger
lorsque des préférences psychologiques s'appliquent.
On pourrait dire, «ce dernier cas est un non-sens, pourquoi ne pas
plutôt considérer une loi de probabilité mathématique pleinement
respectée ?». Mais cela serait un non-sens: comme
l'existence physique est un acte de conscience envers des structures
mathématiques, il n'y a pas d'autre source possible de hasard, que
des combinaisons de nécessités mathématiques avec des sortes de
choix conscients.
Tant qu'un résultat n'est pas déjà fixé par d'autres causes,
tout ce qu'une «loi de probabilité» fait rigoureusement, c'est
exclure les cas de probabilité zéro de l'éventail des
possibilités; tous les autres cas restent possibles par
définition. Le concept d'une déviation dans le choix entre eux,
d'une «loi de probabilité» physique vers une préférence
psychologique, est un concept psychologique sans formalisation
mathématique naturelle en termes de laquelle la loi puisse être
qualifiée de «physiquement violée». Suivant certains résultats
d'expériences de parapsychologie, les gens semblent capables
d'influencer les résultats des générateurs aléatoires quantiques
qu'ils observent.
Néanmoins la loi de probabilité garde un sens, non seulement par les
tendances qu'elle donne, que les choix conscients pourraient avoir
une «difficulté» à modifier, mais aussi par la présence physique de
nombreux processus indéterminés auxquels aucune préférence
psychologique ne viendrait apporter la moindre tendance: des
probabilités mathématiques doivent être fournies comme
«comportements par défaut» prêts à s'appliquer en de tels cas.
... à propos de mystérieuses «observables»
Les théories mathématiques ne peuvent définir les probabilités que
comme des nombres. Le hasard effectif est la propriété pratique,
pour un flux de données, de provenir d'une source (cause) qui se
trouve être suffisamment indépendante d'un sujet d'intérêt donné,
pour ne pas être systématiquement influencée par celui-ci. Un hasard
est métaphysique (et non mathématique) lorsque c'est un acte de
conscience choisissant de réaliser un seul résultat, parmi d'autres
qui étaient physiquement possibles; il est effectivement aléatoire
lorsqu'il est effectué indépendamment (généralement, par la Matrice
au lieu de l'esprit individuel concerné).
Aucune loi mathématique ne peut décrire ces actes conscients, ni
les forcer à se produire suivant des manières, temps ou lieux
spécifiques. La transition de lois probabilités mathématiques à un
hasard réel, transformant des «processus indéterminés» en formes
d'apparence claire, devra se référer à des «mesures» par des
«observables» introduites arbitrairement, de l'extérieur des lois
mathématiques de la physique.
Si l'on tentait alors de suivre strictement les prédictions du reste
des lois mathématiques tout en rejetant ces mesures mystérieuses
(comme ce qui de fait «arrive lorsque personne ne regarde»), les
diverses possibilités sembleraient maintenir une coexistence en
parallèle, pondérées par leurs «probabilités». Naturellement, en
essayant alors d'expliquer cette occurrence du hasard comme issue de
lois physiques supplémentaires sans l'introduction fondamentale
d'observateurs conscients, les tentatives pour voir les résultats de
mesure comme prédéterminés se
heurteraient à de nombreux problèmes, tandis que les idées de
choix aléatoires ultérieurs se retrouveraient mystérieusement avoir
besoin qu'ils se produisent pas plus tard que quand quelqu'un en
regarde les résultats (comme si cela avait la moindre
importance).
En bref, le type de lois de la physique auxquelles on peut
naturellement s'attendre, ressemble fortement à celles de la
mécanique quantique. Bienvenue chez vous. ;-)
Interprétation de la physique quantique
Pour créer l'Univers, la Conscience d'abord choisi une loi
mathématique comme «théorie du tout» de la physique: une théorie
d'un espace de Hilbert avec d'autres structures (ou quelque chose de
similaire, à découvrir). Cela définit l'étendue des mondes multiples
d'Everett, qui est l'étendue de «tous les mondes physiques
possibles» avec la même loi. Mais au départ, ils n'ont tous que la
même existence mathématique qu'ils avaient déjà de toute manière
(comme les
mathématiques sont la science de tous les mondes mathématiques
possibles, qui existent tous mathématiquement).
Au cours du temps conscient, des mondes spécifiques dans cette
étendue peuvent recevoir une «existence physique», à savoir, le
fait de se trouver «perçu physiquement» par la conscience.
L'Univers physique est la trajectoire de cette exploration de
l'espace de Hilbert par la conscience: à chaque instant conscient,
l'état physique de l'Univers (opérateur densité, surnommé
«fonction d'onde»), est l'image mathématique projetée dans
l'espace de Hilbert, opérée par la Matrice, de l'héritage (mémoire
consciente universelle) de toutes les perceptions physiques
passées. Par ce calcul, la Matrice oblige toutes les perceptions
physiques à rester «mathématiquement cohérentes» entre elles dans
de l'espace de Hilbert.
L'asymétrie du temps conscient donne l'orientation du temps
thermodynamique, suivant lequel tout état physique est uniquement et
entièrement donné par le passé (seules les perceptions passées
existent, et l'état du Big Bang a dû être complètement
spécifié, sans doute qu'il a été lui-même exhaustivement perçu
également). Ceci oriente la décohérence (le processus de «mesure
physique»), qui fournit les prochaines observables possibles avec
leurs lois de probabilité classiques. La «réduction du paquet
d'onde» est le processus métaphysique de mise à jour de l'état
physique par l'ajout d'une nouvelle perception physique (d'un monde
possible après décohérence) à l'héritage des perceptions passées qui
le détermine.
Contrairement aux idées de conscience quantique par Penrose et
d'autres, il y a des arguments en faveur de l'idée que les
observations n'aient lieu qu'après la décohérence : ainsi, l'action
du libre arbitre dans le cerveau n'a pas besoin de cohérence
(enchevêtrement) des états quantiques. Comme la décohérence ne peut
être définie que de manière floue comme une propriété émergente,
cette condition convient bien à la nature non-physique de la
réduction.
Le monde mathématique intervenant en physique
La théorie quantique a des propriétés remarquables. L'une d'elles
est le mélange de calculabilité et de continuité.
D'une part, elle a des propriétés holistiques, platoniciennes
donnant à ses processus internes un caractère de nécessité. L'état
physique à chaque instant est à la fois continument lié et
inséparable avec celui d'autres instants: un état «évolue» comme il
le fait en raison de sa nature (la nécessité de sa structure
interne) plutôt que par une règle de calcul arbitraire. La théorie
quantique des champs est naturellement exprimée en fixant l'espace
de Hilbert et l'état dedans, et en exprimant les événements
physiques dans l'espace-temps comme des opérateurs variables. Les
«instants» physiques n'y sont pas clairement distingués les uns des
autres, mais relatifs à un choix arbitraire non physique de
divisions de l'espace-temps en tranches (relativité de la
simultanéité).
Mais elle est également calculable. L'infini implicite des
infinitésimaux dans ses variations continues, ne se comporte pas
comme un infini actuel mais seulement potentiel. Comme la
géométrie euclidienne qui est algorithmiquement décidable et
contrairement à l'arithmétique, les résultats peuvent être
calculés (bien que nous soyont actuellement confrontés à des
divergences de calcul, dont la résolution nécessiterait des
reformulations, peut-être par la gravitation quantique).
Mais ces calculs doivent s'effectuer dans un ordre différent de
l'ordre du temps physique. Le temps physique (un ordre géométrique
que la conscience suivra, comme une «incarnation» du temps
conscient) est clairement déconnecté du temps de calcul, comme on
peut le voir par sa réversibilité au niveau fondamental de l'espace
de Hilbert (en ignorant la thermodynamique et la réduction de la
fonction d'onde), et par la nature même du formalisme mathématique
dans lequel la physique s'exprime. En effet, les diagrammes de
Feynman, représentant des histoires d'interactions de particules à
travers l'espace-temps, constituent des expressions tensorielles.
Contrairement aux expressions mathématiques «ordinaires», dont la
structure en arbre ordonne l'interprétation de leurs symboles des
branches (sous-expressions, correspondant au «passé») à la racine
(le symbole principal donnant le résultat final), les expressions
tensorielles n'ont pas besoin d'une structure arborescente, et leur
interprétation peut s'effectuer de façon équivalente dans n'importe
quel ordre.
Bien qu'aucune prédiction exacte peut être atteinte en un nombre
fini d'opérations, après un certain temps de calcul (en fonction de
la taille du système physique), les chiffres suivants de résultats
ne font qu'améliorer la précision des probabilités des résultats
observables. Mais pour jouer leurs rôles de probabilités, ces
nombres n'ont pas besoin de «réellement exister» avec leur précision
infinie, mais seulement d'être divinement devinés. Ainsi, la
Physique utilise une partie très platonicienne des mathématiques,
mettant en jeu la signification infinie de théories au-delà des
calculs finis, mais sans pour autant être affectée par les
incertitudes formelles sur l'infini actuel que révèlent le théorème
d'indéfinissabilité de la vérité de Tarski et les théorèmes
d'incomplétude de Gödel.
La structure multiplement simple de la théorie quantique
Les mathématiques se caractérisent comme une étude autonome des
nécessités logiques sur des systèmes clairement définis; lorsque
plusieurs cas sont possibles, tous sont admis comme également
valables en parallèle. Les autres sciences peuvent s'en distinguer
de plusieurs façons: traiter de ce qui ne peut être spécifié
rigoureusement (lois psychologiques, économie); ce qui est
déterminé, mais à travers des calculs trop complexes pour être
humainement déduits de lois fondamentales, et a donc besoin
d'expériences pour combler les lacunes de compréhension (chimie,
physique des matériaux); ou ce qui est relatif à un grand nombre de
contingences incontrôlées et d'éventuelles lois supplémentaires
inconnues, pour lesquelles les données d'observation sont clairement
nécessaires (biologie, astronomie).
La Physique se concentre sur les aspects mathématiques de l'univers,
à savoir où tout facteur indéfini, trop complexe ou contingent
peut être soit contrôlé, simplifié ou ignoré en prenant «le cas
général». Cela se produit généralement dans les études de systèmes
planétaires, dont les lois d'évolution sont déterminées de façon
satisfaisante en supposant que les planètes sont à peu près
sphériques et n'explosent pas spontanément, bien qu'aucune loi
fondamentale ne les y oblige absolument.
La théorie quantique rend l'univers remarquablement mathématique,
comme les racines mathématiques de ses lois ne se trouvent pas à un
seul niveau de processus avec une loi spécifique, mais à travers une
continuité de niveaux.
Les états possibles des systèmes quantiques peuvent être
analysés localement comme parcourant (en superpositions
quantiques, ou combinaisons probabilistes continues) un nombre
fini de possibilités suivant la taille et de l'énergie disponible
du système. Ainsi, tout effet local (un état ultérieur d'un
système, qui définit ses probabilités de résultats de mesure) ne
dépend que d'un «nombre de causes» (quantité d'information
quantique) fini, celles de l'état physique de ce qui se trouve à
un temps précédent dans le cône de lumière passé de l'effet.
Toutes les lois et observables peuvent être décrites comme des
matrices de quantités reliant ces états.
Les choses sont mathématiques lorsque leurs contingences sont
réduites: lorsque la liste d'états possibles n'est pas trop grand,
ou pas trop complexe pour être bien compris. Mais cette condition
peut être atteinte de plusieurs façons: soit en regardant à des
échelles suffisamment petites pour ne trouver que peu d'états
possibles d'énergies comparables à la quantité moyenne d'énergie
disponible (température), soit en regardant des systèmes plus larges
mais avec une température suffisamment basse pour que seuls quelques
états globaux (d'intrication entre états de leurs plus petits
composants) aient une énergie suffisamment faible pour contribuer
significativement à cette température, d'après la distribution de
Boltzmann.
Pourtant, les choses peuvent aussi être mathématiques d'une
autre manière aux échelles macroscopiques avec des températures
élevées (surtout au-dessus de 1000 K environ), comme le plus grand
nombre d'états disponibles fournit des passerelles pour tous les
mélanger, dissolvant rapidement tout état spécifique dans la
distribution de Boltzmann uniforme déterminée par la température.
La Physique présente aussi des concepts mathématiques remarquables,
où une même théorie (loi) peut admettre plusieurs formalisations et
méthodes de calcul équivalentes intéressantes. Par exemple, les
champs quantiques présentent les deux aspects d'ondes et de
particules sans contradiction. Cela contribue à infirmer toute idée
d'une «cause physique» spécifique derrière la loi de probabilité
définie mathématiquement sur les observables. Dieu apparait comme un
grand mathématicien.
Complexité et vie
Cependant, Dieu ne ressemble pas à un grand humaniste. Alors que
l'Univers a toujours pu être contemplé par des âmes libres pour sa
beauté mathématique, il a fallu beaucoup de temps depuis le Big
Bang, et une combinaison très spéciale de facteurs, pour produire le
genre d'environnement physique adapté à la vie comme nous la
connaissons , à savoir pour le développement de la complexité, où
les choix conscients peuvent produire des effets intéressants non
seulement mathématiquement mais aussi psychologiquement, d'une
manière plus stable et significative que dans l'effet papillon.
D'abord, il y a besoin d'un lieu aux bonnes températures,
composition chimique et circulation de l'énergie (possibilité de
création d'entropie), pour que des molécules puissent subir
diverses réactions en sorte d'évoluer suivant certaines manières,
mais pas toutes, afin de ne pas perdre toutes leurs informations.
Ensuite, l'émergence d'organismes efficaces pour bien héberger des
âmes, capable de prospérer dans un environnement hostile et donner
au libre arbitre un large éventail d'actions possibles, a pris des
milliards d'années d'histoire évolutionaire chaotique d'essais et
d'erreurs, de la biochimie jusqu'aux des cellules et organismes plus
complexes.
Les phénomènes complexes sont en gros structurés comme une
hiérarchie des fondements, avec différents niveaux conceptuels
correspondant aux différentes échelles auxquelles les choses
forment des "objets distincts", et/ou aux relations entre des
fondements (lois générales) et des données contingentes. Les
objets à chaque niveau ont leurs propres lois de comportement, de
sorte que leurs interactions avec les objets voisins telles qu'ils
se trouvent de façon contingente, forment des structures
organisationnelles (contingentes) qui constituent les lois du
niveau suivant.
Les lois possibles vont des plus simples, chaotiques
(désorganisation), telles que la «loi de la jungle" (pression
sélective), où les objets vont en vrac et sont mieux décrits par les
probabilités et les moyennes, jusqu'aux plus complexes (organisées),
dont les détails peuvent dépendre de certaines données contingentes
persistantes: les fonctions corporelles dépendent de l'information
de l'ADN; les systèmes économiques et sociaux dépendent aussi du
patrimoine éducatif, des technologies disponibles et des conventions
politiques et monétaires.
La hiérarchie des fondements de l'Univers
Le Problème du Mal?
Il y a un grand paradoxe: le monde n'est pas aussi bien habitable
qu'il pourrait l'être, alors nous demandons, "Mon Dieu pourquoi»? Il
est très étrange en effet que les lois psychologiques (libre
arbitre) n'agissent physiquement qu'au niveau des esprits
individuels dans leurs incarnations respectives, sans action notable
coordonnée, ni à plus grande échelle (télépathie, inspiration
divine) ni à plus petite (dessein intelligent exercé sur les
mutations de l'ADN), laissant l'évolution se dérouler au rythme lent
et inefficace de la sélection darwinienne. Certains de ces faits
sont liés: les "lois" darwiniennes à la fois expliquent et exigent
que les âmes incarnées ignorent leur nature immatérielle et adoptent
un relatif égoïsme, pour donner aux formes intelligentes
d'incarnation et aux capacités physiques leur avantage sélectif
naturel.
Mais, peut-être encore plus étrange, est que nous ne nous plaignons
habituellement pas de
- La conception sous-optimale de notre corps (les risques de
défaillances et de maladies)
- Les lacunes relatives du cerveau de la plupart des gens,
rendant l'apprentissage scolaire difficile
- Combien le cerveau rend la douleur et les problèmes
"douloureux" à l'esprit
- Le pire destin et les handicaps des animaux dans la nature, et
de tous nos et leurs ancêtres depuis l'émergence de la vie
Certains (mais peu) parlent de combien l'amour est parfois trop
sélectif pour se réaliser, ou de l'injustice plus grave subie par
les animaux dans l'agriculture intensive et les laboratoires.
Mais nous nous plaignons le plus souvent de la misère, de
l'injustice et de la tyrannie, que nous attribuons à un manque de
main divine sur l'Univers.
Il y a beaucoup de place en bas!*
Et ce qui rend étrange cette orientation des plaintes, est que ces
problèmes que nous déplorons sont en fait ceux que nous avons les
moyens les plus faciles de résoudre par nous-mêmes, comme nous avons
déjà commencé à le faire par la science, la technologie, diverses
organisations, systèmes politiques, et réseaux sociaux en ligne,
dans un intervalle de temps ridicule par rapport à l'histoire de la
vie sur Terre.
Ou plutôt, ce serait le plus facile... si seulement nous nous en
occupions, au lieu de gaspiller nos œuvres et nos rêves ailleurs
comme nous le faisons:
- Les religions nient la possibilité pour la société d'être quoi
que ce soit de plus que la somme désorganisée de ses parties, se
contentant de rejeter sur la nature humaine la faute des tares
de la société, et/ou de les accepter comme expressions de la
volonté divine.
- La science-fiction a concentré ses rêves sur l'intelligence
artificielle remplaçant esprits humains, les voyages
interstellaires et autres gadgets technologiques. Seuls quelques
auteurs ont rêvé d'Internet, mais qui a songé aux réseaux
sociaux en ligne comme soutien aux expressions démocratiques et
aux révolutions politiques?
- Les économistes s'appliquent à décrire l'absurdité dans
laquelle nous sommes, en gardant leurs idées aussi fidèles à
celle-ci que possible.
- Les mathématiciens et les autres penseurs créatifs
scientifiques sont supposés soit maintenir leurs pensées à
d'inutiles fondements abstraits, soit créer de nouveaux gadgets
au service des institutions actuelles, comme ils seraient
ignorés ou blâmés pour leur abstraction et leur "complication"
s'ils osaient se mêler des affaires d'intérêt public.
Faut-il expliquer ce qu'est la technologie? Le progrès technologique
est l'activité de reprogrammation de la structure mathématique
des réalités effectives, de propriétés initialement chaotiques
vers des fonctions plus commodes et polyvalentes. Ainsi, dès qu'on a
pu restructurer les objets physiques en puissantes machines de
Turing universelles (ordinateurs) et les connecter à travers le
monde (Internet), toute loi algorithmiquement exprimable de la
réalité extérieure peut être en principe construite
par-dessus, dès qu'on peut l'inventer et l'exprimer sous forme de
nouveaux logiciels.
Dès lors, tout ce que nous avons encore besoin est une combinaison
de travail hautement théorique et développement de logiciels, moins
pour comprendre nos systèmes économiques et politiques comme ils
sont, que pour les reconstruire tels qu'ils devraient l'être pour
connecter au mieux leurs éléments de base donnés: les humains tels
qu'ils sont, étant donné leur liste de besoins, que de meilleurs
réseaux sociaux en ligne devraient pouvoir satisfaire: apprendre,
trouver des hôtes, des événements, du covoiturage, l'amour, les
emplois (qui sont des activités de traitement des données meilleurs
que les algorithmes connus pour répondre aux besoins humains), faire
des transactions en ligne (où l'argent est une convention sociale
qui a besoin d'une refonte logique), filtrer la vérité et la
réputation d'avec les erreurs et la propagande, et de former de
meilleurs systèmes politiques et judiciaires.
J'ai déjà décrit l'esquisse d'un tel nouveau réseau social, mais
n'ai pas pu, pendant des années, trouver qui que ce soit pour
s'occuper de le comprendre et d'y travailler. Les gens préfèrent
penser petit, et sur d'autres sujets. Mais s'il ne se trouve même
pas quelques personnes pour s'occuper de penser assez profondément
pour développer la formule optimale des solutions complexes aux
besoins, alors on en reste à de mauvaises solutions telles que des
systèmes politiques corrompus et des systèmes académiques
inefficaces, tandis que d'autres solutions mal conçues peuvent
encore venir emporter la popularité mondiale par surprise, malgré
tous les risques d'échecs et les abus cachés derrière leurs
avantages visibles.
* titre d'un célèbre discours de R. Feynman en
1959 anticipant le développement des nanotechnologies
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