La Relativité générale est la théorie physique qui décrit
l'espace-temps comme un espace géométrique courbe. Elle englobe la
théorie de la relativité restreinte (seulement valable comme
description approximative de petites régions de l'espace-temps),
pour expliquer la gravitation comme l'effet de la courbure de
l'espace-temps.
Ici encore, comme avec d'autres sujets dans les fondements des
mathématiques et de la physique, il est dommage de voir que près
d'un siècle après sa découverte, les cours de relativité générale
qui se trouvent habituellement, restent comme une sorte de
brouillon, remplis de longueurs peu utiles, ne mentionnant pas
d'explication plus directe et clarifiée de sa signification.
Au-delà des simples commentaires de vulgarisation intuitifs
expliquant comment les effets gravitationnels peuvent être expliqués
par la courbure de l'espace-temps, la force gravitationnelle ne
pouvant être distinguée des forces d'inertie, la principale formule
exprimant la relativité générale, est l'équation d'Einstein, reliant
la courbure de l'espace-temps (tenseur de Riemann), à son contenu
matériel (tenseur énergie-impulsion).
L'équation d'Einstein
L'expression rigoureuse de l'équation d'Einstein utilise le
formalisme des tenseurs.
Sur ce site se trouve seulement une introduction aux tenseurs,
par quelques définitions de base, mais pas encore les développements
nécessaires... en attendant de les faire ici, on peut les trouver
dans d'autres cours ailleurs sur tenseurs. Ces notions, ainsi que
celle de courbure de
Riemann, seront ici supposées acquises.
Quelle est donc cette expression.
Il ya bien sûr l'idée essentielle, la simple affirmation, que nous
avons une relation entre le tenseur d'énergie-impulsion, et la
courbure de Riemann de l'espace-temps, que nous pouvons écrire sous
forme compacte
Gij + Λ gij
=
8πG
c4
Tij
où
Tij represente le tenseur
d'énergie-impulsion, mais avec des indices baissés,
contrairement à son écriture standard Tij en
mécanique relativiste
Gij est le tenseur d'Einstein, fonction du
tenseur de courbure de Riemann.
Les constantes G et c sont respectivement la
constante de gravitation newtonienne, et la vitesse de la
lumière
gij est la metrique, et Λ est la constante
cosmologique, pouvant être posée égale à 0 pour simplifier la
formule quitte à changer la définition de Tij
(lui ajoutant un multiple constant de gij du
nom d'énergie sombre), de sorte que finalement, Gij
et Tij soient simplement multiples l'un de
l'autre.
Le problème, ce qui n'apparait pas évident dans les textes
habituels, est comment le tenseur d'Einstein (avec 2 indices
symétriques) est exprimé en fonction du tenseur de courbure de
Riemann (avec 4 indices).
En effet, ils présentent d'abord le tenseur de courbure de Ricci,
qui est un tenseur symétrique avec 2 indices, comme celui que nous
avons besoin, extrait du tenseur de Riemann, et qui contient toutes
les informations requises:
Rij = Rkikj
Mais ce n'est pas encore le tenseur cherché. Alors il faut une autre
formule pour en tirer le tenseur d'Einstein
Gij = Rij
−
1
2
R gij
où R est la courbure scalaire R = gij
Rij.
Mais cela laisse la question : qu'est-ce donc que cette formule ???
Pourquoi cette formule, faite de 2 termes, plus qu'autre chose ?
La réponse, aussi bien connue, c'est que c'est ce qu'il faut pour
que la conservation du tenseur d'Einstein se déduise de
l'identité de Bianchi.
Ok, la preuve habituelle n'est pas compliquée, mais voici une autre
façon de l'écrire, qui me semble plus élégante.
Soit le symétriseur (utilisant le delta de Kronecker δij)
Sijklmn = δil
δjm δkn
+ δim δjn
δkl + δin
δjl δkm
Il
a la propriété que pour chaque tenseur antisymétriqueAij, l'expression AijSijklmn
soit totalement antisymétrique entre les indices lmn. Donc,
il se comporte comme un antisymétriseur total lorsqu'il est appliqué
à un tenseur avec 2 indices qui est déjà antisymétrique entre ces 2
indices.
Bon, maintenant, prenons le tenseur de Riemann Rabij
(indiquant qu'un transport autour d'un parallélogramme de dimensions
ij entraine une rotation entre les dimensions a et b).
Nous savons déjà qu'il est antisymétrique entre les indices ij.
On en déduit que RabijSijklmn
est totalement antisymétrique entre les indices lmn.
Cette expression peut être utilisée pour écrire la deuxième identité
de Bianchi sur la courbure de Riemann, comme
∇k Rabij Sijklmn
= 0
La signification intuitive de cette identité, c'est que pour chaque
petite courbe fermée le long de laquelle on considère un transport
parallèle, la rotation produite par ce transport ne dépend pas du
choix de la surface délimitée par cette courbe, sur laquelle nous
intégrons la courbure pour calculer cette petite rotation: déplacer
cette surface (de direction ij) vers la direction k
mais en gardant le même bord, n'a aucun effet.
Maintenant en relevant l'indice b, on obtient l'expression RabijSijklmn, Comme chacune des deux paires
(ab) et (lm) est antisymétrique, la contraction entre
ces 2 paires donne un facteur 2 de redondance, que nous pouvons
factoriser sans fractionner l'opération sous-jacente sur les
coordonnées. Et voici comment le tenseur d'Einstein est
effectivement obtenu:
Gnk
= −
1
2
RabijSijkabn
En effet, en remplaçant S par sa définition, cette expression se
développe comme
−2 Gnk = Rabab
δkn + Rkbbn
+ Rakna
Nous voyons ici le tenseur de Ricci Rnk
= − Rkbbn = − Rakna
et la courbure scalaire R = gij
Rij = Rabab.
Cela donne la formule précédente (légèrement réécrite) du tenseur
d'Einstein
Gnk
= Rnk −
1
2
R δkn
La conservation du tenseur d'Einstein se déduit directement de
l'identité de Bianchi ci-dessus:
-2∇kGnk = ∇kRabijSijkabn
= 0
Alors, quel est l'intérêt d'écrire le tenseur d'Einstein par cette
symétrisation plutôt que par l'expression habituelle:
Cela présente cette opération comme une contraction entre les duaux
de Hodge des paires antisymétriques dans le tenseur de Riemann
(cette contraction est d'ordre 1 = n−3, où n = 4 est
la dimension de l'espace-temps, et 3 est le nombre d'indices entre
lesquels S opère), au lieu d'une contraction entre ces
paires elles-mêmes.
En d'autres termes, cela montre que la courbure d'une paire de
dimensions donnée ne contribue au tenseur d'Einstein que dans les
dimensions orthogonales. Ce qui est plus élégant que de d'abord
écrire la contribution comme si c'était dans ces dimensions (dans le
tenseur de Ricci), puis faire une soustraction globale dans toutes
ses dimensions par (1/2) R gij, qui comme par
hasard annule la contribution à ces dimensions et laisse une
contribution opposée dans le reste des dimensions.
English version : Introduction
to General Relativity
Sommaire : Théorie des ensembles
et fondements des mathématiques