2.6. Injections, bijections

Composition, restriction

La composée de 2 fonctions f,g telles que Im f ⊂ Dom g est définie par

gf = ((Dom f) ∋ xg(f(x)))
(f : E → Fg : F → G) ⇒ gf : E → G

(Cette notation sera abusivement conservée si g est un foncteur, auquel cas il s'agit d'un schéma de définitions).
De même avec plus de 2 fonctions: ajoutant une troisième h:G →H aux conditions ci-dessus, on définit

hgf = (hg)⚬f = h⚬(gf) = (Exh(g(f(x))))

La restriction d'une fonction f à un ensemble A ⊂ Dom f est

f|A = (Axf(x)) = f⚬IdA.
Gr(f|A) = (Gr f)|A
f[A] = Im(f|A)
Fnc f,g, Gr g ⊂ Gr f ⇔ (Dom g ⊂ Dom fg = f|Dom g)

Quand g est une restriction de f, on dit aussi que f est une extension de g.

Injections, bijections, inverse

Une fonction f : EF est dite injective (ou : une injection ) si tGr f est un graphe fonctionnel:

Inj f (∀xx′∈Dom f, f(x) ≠ f(x′))
(∀x,x′∈Dom f, f(x) = f(x′) ⇒ x=x′)
(f : EF) ⇔ (f : EF ∧ Inj f)
Im fF (Inj f ⇔ ∀yF, !:f(y))

L'inverse de toute injection f est la fonction f -1 de graphe tGr f:

f -1 = ℩f = (Im fy ↦ ℩f(y))
Gr(f -1) = tGr f
(f -1)-1 = f.

Une fonction f : E → F est dite bijective (ou une bijection) de E sur F, si elle est injective et surjective:
f : EF (f : EF ∧ ∀yF, ∃!: f(y))
(f : EF ∧ Im f = F)
(f : EF ∧ Inj f)
f -1: FE.
En particulier IdE : EE.

Diverses propriétés

Proposition. Soit f : E → F et g : F → G. Alors
  1. (Inj f ∧ Inj g) ⇒ Inj(gf)
  2. Inj(gf) ⇒ Inj f
  3. Im(gf) = g[Im f] ⊂ Im g.
Preuves:
  1. x,yE, g(f(x)) = g(f(y)) ⇒ f(x) = f(y) ⇒ x = y.
  2. x,yE, f(x) = f(y) ⇒ g(f(x)) = (g(f(y)) ⇒ x = y.
  3. zG, z ∈ Im(gf) ⇔ (∃xE, g(f(x))=z) ⇔ (∃y∈ Imf, g(y)=z) ⇔ zg[Imf]. ∎
De 3. on déduit évidemment

Im(gf) = G ⇒ Im g = G
Im f = F ⇒ Im(gf) = Im g
(f:EF) ⇒ (g:FGgf:EG)

Soit f : E → F, et une fonction g avec Dom g = F. Alors, facilement
gf = IdE ⇔ (∀xE, ∀yF, f(x) = yg(y) = x)
⇔ Gr ftGr g ⇔ (∀yF, f(y)⊂{g(y)})
⇔ (∀xE, f(x)∈g(x)) ⇔ (Inj fg|Im f = f -1)
⇒ (Im f = Fg = f -1 ⇔ (Inj g ∧ Im gE))
Preuve de l'étape non-évidente :

(gf = IdE ∧ Inj g ∧ Im gE) ⇒ (∀yF, g(f(g(y))) = g(y) ∴ y = f(g(y)) ∈ Im f)

Proposition. (f : EFg : FEgf = IdE) ⇒ (Im f = F ⇔ Inj gfg = IdFg = f -1).

Preuve : (Inj ggfg = g⚬IdF) ⇒ fg = IdF. ∎

Proposition. 1) Si f,g sont injectives et Im f = Dom g, alors (gf)-1 = f -1g-1.
2) Si f,h : EF et g : FE alors (gf = IdEhg = IdF) ⇔ ((g : FE) ∧ f = h = g−1).

Preuves:
1) ∀x∈Dom f, ∀y∈ Im g, (gf)(x) = yf(x) = g-1(y) ⇔ x = (f -1g-1)(y).
Autre méthode: (gf)-1= (gf)-1gg-1= (gf)-1gff -1g-1 = f -1g-1.
2) On déduit f = h de f = hgf = h, ou de Gr ftGr g ⊂ Gr h. Le reste est évident. ∎

Fonctions canoniques

Pour tous objets x,y on dira que x détermine y s'il y a un foncteur invariant T (connu mais gardé implicite) tel que T(x) = y. Alors le rôle de y comme variable libre peut être joué par le terme T(x), donc en utilisant x.
De même, une fonction f : EF sera dite canonique si elle se définit par ExT(x) où T est un foncteur invariant.
Exemples d'injections canoniques importantes Une bijection f sera dite bicanonique si f et f−1 sont canoniques.
Quand une bijection f : E ↔  F est canonique (resp. bicanonique), on écrira f : EF (resp. f : EF); ou, avec son foncteur de définition φ comme φ : EF qui signifie que (Ex ↦ φ(x)) est injective d'image F. On écrira EF (resp. EF) pour signifier l'existence d'une bijection canonique (resp. bicanonique), qui reste implicite. Cela aura souvent une allure d'identité remarquable sur les nombres car l'existence d'une bijection entre ensembles finis implique l'égalité de leurs nombres d'éléments.
Les bijections canoniques peuvent n'être pas bicanoniques surtout lorsque leur foncteur de définition n'est pas injectif:

V2E ⥬ ℘(E)
E ≠ ∅ ⇒ {x}E ⥬ {x}
E×{x} ⥬ E
E×FF×E
E×{x} ⇌ {xEE{x}
E×{0} ⇌ E.

Cett meta-relation entre ensembles est préservée par constructions: si EE′ et FF′ alors ℘(E) ⥬ ℘(E'), E×FE′×F′ et FEFE (en utilisant l'image directe du graphe), et de même pour ⇌.
Ainsi la transposition (E×FF×E) s'étend aux graphes et aux operations:

℘(E×F) ⇌ ℘(F×E)
GE×FGF×E
fGE×F, tf = (F×E∋(x,y) ↦ f(y,x)) ∈ GF×E.

Sommes de fonctions

Le symbole liant ∐ de somme d'ensembles définit des bijections canoniques (dont les inverses, définies par RRI, dépendent de I):

(℘(E))I ⥬ ℘(I×E)
iI ℘(Ai) ⥬ ℘(∐iI Ai)

Toute somme d'ensembles S = ∐iI Ai a sa famille d'injections naturelles ji données par le définisseur de couples curryfié :

iI, ji : AiS.

La somme sur I des functions fi où ∀iI, Ai = Dom fi se définit par

iI fi = (S ∋ (i,x) ↦ fi(x))
g = ∐iI fi ⇔ (Dom g = S ∧ ∀iI, fi = gji = g(i))

C'est l'inverse de la curryfication des opérations binaires, qu'on désignera comme pour les graphes: pour tous ensembles E, F et toute opération (fonction) B de domaine E×F ≠ ∅ (d'où E et F peuvent être restaurés par E = Dom Dom B et F = Im Dom B, tandis que si E×F = ∅ la notation peut être conservée abusivement en prenant E et F du contexte),

B = (Ex ↦ (FyB(x,y)))
B = tB = (Fy ↦ (ExB(x,y))

d'où les bijections canoniques (bicanoniques si I = Dom S, donc si E ≠ ∅ dans le cas I×E)

SetF,
iI
FAiFS
SetE,F, (FE)IFI×E
(∀F : S → Set)
iI
 
xAi
F(i,x)
cS
Fc
(E×FGE×F×G
f ∈ (FE)I
iI
Gr fi ⊂ ℘(I×(E×F)) ⇌ ℘((I×EF) ⊃ Gr
iI
fi

Produit de fonctions ou recurryfication

Les deux formes curryfiées R et R des graphes RE×F s'échangent par une bijection ℘(F)E  ↔  ℘(E)F définie avec paramètre F.
La bijection similaire entre les deux formes curryfiées des operations de domaine donné I×E, se définit par un symbole liant ⊓ de produit de fonctions, toutes de même domaine E, et indexées par I :

(∀iI, Dom fi = E) ⇒
iI
fi = (Ex ↦ (fi(x))iI)
g, g =
iI
fi  ⇔ (g : E →
iI
Im fi ∧ ∀iI, fi = πig)
(F : I → Set) ⇒ ⊓ :
iI
FiE ⥬ (
iI
Fi)E
Set F ⇒ ⊓ : (FE)I ⥬ (FI)E

Ces bijections sont canoniques pour les families non vides (I ≠ ∅) comme elles seules déterminent E, et sont généralement bicanoniques car leur inverse utilise I qui est définissable lorsque E ≠ ∅; néanmoins on gardera abusivement la notation ⥬ pour le cas général tandis que E reste fixé par le contexte.
Un cas particulier est le produit binaire (I = V2):

Fncf,g, Dom f = Dom g = Efg = (Ex ↦ (f(x),g(x)))
 IE×FE ⇌ (I×F)E
(
iI
Fi)E
ϕ∈IE
 
xE
Fϕ(x)
Fncf, Gr f = Im(IdDom ff)

Théorie des ensembles et fondements des mathématiques
1. Premiers fondements des mathématiques
2. Théorie des ensembles
2.1. Premiers axiomes de théorie des ensembles
2.2. Principe de génération des ensembles
2.3. Curryfication et uplets
2.4. Quantificateurs d'unicité
2.5. Familles, opérateurs booléens sur les ensembles
2.6. Graphes
2.7. Produits et ensembles des parties
2.8. Injections, bijections
2.9. Propriétés des relations binaires
2.10. Axiome du choix
Temps en théorie des ensembles
Interprétation des classes
Concepts de vérité en mathématiques
3. Algebra - 4. Arithmetic - 5. Second-order foundations