2.10. Axiome du choix
Propriétés de la composition curryfiée
Proposition. ∀Set E,F,G,
∀f ∈ FE,
- Im f = F ⇒ Inj(GF ∋ g ↦ g⚬f)
- (Inj(GF ∋ g ↦ g⚬f) ∧ ∃≥2:G)
⇒ Im f = F
- (Inj f ∧ G ≠ ∅)
⇒ {g⚬f | g∈GF} = GE
- ({g⚬f | g∈GF} = GE
∧ ∃≥2:G) ⇒ Inj f
- (E ⊂ F ∧
G ≠ ∅) ⇒ {g|E |
g∈GF} = GE
- (Inj f ∧ E ≠ ∅) ⇒ ∃g∈EF,
g⚬f = IdE
Preuves :
1. fait en 2.9 ; preuve plus simple:
∀g,h∈GF,
(∀x∈E, g(f(x)) = h(f(x)))
⇔ (∀y∈F, g(y) = h(y)) ⇔ g=h
2. ( ) ⇒ ∃z≠z′∈G, (F∋y ↦ z)⚬f =
(F∋y ↦ (y ∈ Im f ? z : z′))⚬f
∴ (∀y∈F, y ∈ Im f ∨ z = z′) ∴
Im f = F
3. Inj f ⇒ ∀z∈G, ∀h∈GE, h =
(F ∋ y ↦ (y ∈ Im f ?
h(f -1(y)) : z))⚬f
4. ∀z≠z′∈G, ∀x∈E, ∀g∈GF,
g⚬f = (E∋y↦
(y = x ? z : z′)) ⇒ ∀y∈E, f(y)
= f(x) ⇒ g(f(y))
= g(f(x)) = z ⇒ y = x.
5. et 6. sont des cas particuliers de 3.∎
Le cas G = V2 donne les propriétés suivantes de h =
(℘(F)∋B↦ f⋆(B)) :
Im f = F ⇔ Inj h
Inj f ⇔ Im h
= ℘(E)
De plus {f[A]|A ⊂ E} = ℘(Im
f) car ∀B
⊂ Im f, f[f⋆(B)] = B.
Proposition. Pour tous ensembles E, F et toute fonction g de
domaine F,
- Inj g ⇒ Inj(FE
∋ f ↦ g⚬f)
- (Inj(FE
∋ f ↦ g⚬f) ∧ E ≠ ∅) ⇒ Inj g
- ∀SetG, ({g⚬f | f∈FE} =
GE ∧ E ≠ ∅) ⇒ Im g = G.
Preuves:
1. ∀f,f'∈FE, (Inj g ∧
∀x∈E, g(f(x)) = g(f'(x)))
⇒ (∀x∈E, f(x) = f'(x)).
2. ∀y,z∈F, g(y) =
g(z) ⇒ g⚬(E ∋ x ↦ y) =
g⚬(E ∋ x ↦ z) ⇒ (∀x∈E,
y = z) ⇒ (E ≠ ∅ ⇒ y = z).
3. (laissé
en exercice au lecteur).∎
Axiome du choix sur un ensemble (ACX)
L'axiome du choix (AC) est un énoncé exprimable dans toute théorie des ensembles avec
ensemble des parties, qui «sent vrai» et est commode à accepter comme axiome; mais
nous n'en aurons en fait pas besoin dans le reste de ce travail.
Il a plusieurs formulations équivalentes (en clair, c'est le nom commun de ces énoncés
équivalents). Les principales ont le même format (∀SetX,
ACX) où ACX désignifie l'une des formules équivalentes
suivantes, de variable libre X dans la classe des ensembles:
- (AC1X) ∀SetE, ∀R⊂X×E,
(∀x∈X, ∃y∈E, xRy) ⇒ (∃f∈
EX, ∀x∈X, xRf(x)).
- (AC2X) ∀A : X → Set, (∀x∈X,
Ax ≠ ∅) ⇒ ∏A ≠ ∅
(Tout produit sur X d'ensembles non vides est non vide)
- (AC3X) ∀Fnc g, X ⊂ Im g
⇒ ∃f ∈ (Dom g)X, g⚬f = IdX
-
(AC4X) ∀grR, X ⊂ Dom R
⇒ ∃f ∈ (Im R)X, Gr f
⊂ R.
(AC3X) et (AC4X)
sont plus souvent utilisés dans les cas d'égalité (respectivement X = Im g et
X = Dom R) qui sont équivalents aux cas généraux, les preuves
d'équivalence fonctionnant de la même manière:
- (AC1X)⇒(AC2X) by R =
∐ A ∧ E = Im R ;
- (AC2X)⇒(AC3X) by
A = (g•(x))x∈X ;
- (AC3X)⇒(AC4X) :
X ⊂ π0[R] ⇒ ∃(h×f) ∈ RX,
h = IdX ∴ Gr f = Im (h×f) ⊂ R ;
- (AC4X)⇒(AC1X) évident.∎
Autres déductions faciles - (AC2X)⇒(AC1X)
par Ax = R⃗(x) ;
- (AC4X)⇒(AC3X) par
R = tGr g.
Dépendences entre divers ACX
Une grande réussite de la logique mathématique a été de prouver l'indépendance de
AC par rapport au reste de la théorie des ensembles: même le très fort système ZF, s'il
est cohérent, ne peut ni le prouver ni le réfuter, car chaque univers où AC est vrai en
inclut un autre où il est faux, et vice versa. Cela sera commenté plus en détail en
5.5 (sans les détails des preuves qui sont beaucoup trop difficiles).
Les diverses manières dont AC peut être faux dans différents univers peuvent
être en partie triées en spécifiant quels X satisfont ACX.
Les différents ACX sont liés par les implications suivantes:
- ∀SetX,Y, (ACX ∧
∃f, f : Y ↪ X) ⇒ ACY
- ∀SetX,Y, (ACX ∧ ACY) ⇒
(ACX∪Y ∧ ACX×Y)
- (ACI ∧ ∀i∈I, ACAi)
⇒ AC∐i∈I Ai
Les preuves sont faciles et laissées en exercice au lecteur.
Théorème du choix fini. Si X est fini alors ACX.
Ce sera facilement déductible du cas des singletons AC{x} (qui est
trivial) et de la préservation par union binaire (ACX ∧
ACY) ⇒ ACX∪Y lorsque la finitude sera formellement
définie (4.6).
Donnons seulement déjà un schéma de démonstrations, une pour chaque nombre
explicite d'éléments de X. Par exemple le cas de X avec 3 éléments se
réduit à (AC2V3) dont la preuve peut s'écrire
∀SetX,Y,Z,
(X ≠ ∅ ∧ Y ≠ ∅ ∧ Z ≠ ∅) ⇒ (∃x∈X, ∃y∈Y,
∃z∈Z, (x,y,z) ∈ X×Y×Z)
⇒ X×Y×Z ≠ ∅.∎
Autres énoncés simplement équivalents à AC
Théorème. Les énoncés suivants sont équivalents à
l'axiome du choix:
(AC5) Tout ensemble E d'ensembles non-vides a une fonction de
choix: ∅ ∉ E ⊂ Set ⇒ ∏ IdE ≠ ∅.
(AC6) Pour toute partition P d'un ensemble E, ∃K⊂E,
∀A∈P, ∃!: K∩A.
(AC7) Pour tous ensembles E,F,G et tout
g: F ↠ G, {g⚬f | f
∈ FE} = GE.
Preuves:
(AC2)⇒(AC5) est évident;
(AC5)⇒(AC6) : (x∈ ∏ IdP ∧ K
= Im x) ⇒ (K⊂E ∧ ∀A∈P,
xA ∈ K∩A ∧ ∀B∈P,
xB ∈ A ⇒ A∩B ≠ ∅ ⇒ A = B)
(AC6)⇒(AC3) : ∀Fnc g, X ⊂ Im g ⇒ ∃K⊂Dom g,
(∀A∈ Im(g•), ∃! : K∩A)
∴ ∃f ∈ (Dom g)X, (∀x∈X, {f(x)} = K∩g•(x)) ∴
g⚬f = IdX.
(AC1E)⇒(AC7) : ∀h∈GE,
(∀x∈E, ∃y∈F,
g(y) = h(x)) ⇒ (∃f∈FE,
∀x∈E, g(f(x)) = h(x))
(AC3G)⇒(AC7) : ∃j∈FG,
g⚬j = IdG ∴ ∀h∈GE,
j⚬h ∈ FE ∧ g⚬j⚬h = h.
(AC7)⇒(AC3) : ∀SetX, ∀Fncg,
X = Im g ⇒ IdX
∈ XX = {g⚬f | f ∈ (Dom g)X}. ∎
Note: (AC5)⇒(AC2) est aussi facile : ∅ ∉ Im A ⊂ Set ⇒ ∃f ∈ ∏ IdIm A,
f⚬A ∈ ∏ A.
Il existe bien d'autres énoncés équivalents à AC, qui ne seront pas utilisés dans cet exposé,
et pour lesquels les preuves d'équivalence sont beaucoup plus difficiles. Les lecteurs intéressés
peuvent les trouver ailleurs.
En anglais : Set theory and Foundations of Mathematics :
Axiom of
choice