2.7. Produits et ensembles des parties
Produit cartésien de deux ensembles
Pour deux ensembles E et F, le produit E×F
est l'ensemble des (x,y) où x∈E et y∈F.
E×
F = ∐
x∈E F
∐
i∈IEi
= ⋃
i∈I {i}×Ei ⊂ I×⋃
i∈I
Ei
(
E⊂
E′ ∧
F⊂
F′) ⇒
E×
F ⊂
E′×
F′
E×∅ = ∅ = ∅×
E
Pour tout graphe R,
R ⊂ E×F ⇔ (Dom R ⊂ E ∧ Im R
⊂ F)
R|E = R∩(E× Im R)
Les quantificateurs sur un produit ont des versions curryfiées equivalentes:
(∃(x,y)∈E×F, A(x,y))
⇔ (∃x∈E, ∃y∈F, A(x,y))
⇔ (∃y∈F, ∃x∈E, A(x,y))
(∀(x,y)∈E×F, A(x,y))
⇔ (∀x∈E, ∀y∈F, A(x,y))
⇔ (∀y∈F, ∀x∈E, A(x,y))
(∃x∈E, A(x)∨B(x))
⇔ ((∃x∈E, A(x)) ∨ (∃x∈E, B(x)))
(∀x∈E, A(x)∧B(x))
⇔ ((∀x∈E, A(x)) ∧ (∀x∈E, B(x)))
(∃x∈E, C∨A(x)) ⇔ ((C ∧ E≠∅) ∨ ∃x∈E, A(x))
(∀x∈E, C∧A(x)) ⇔
((C ∨ E=∅) ∧ ∀x∈E, A(x))
Les quantificateurs (Qx,y∈E, ) peuvent s'écrire de façon equivalente
(Q(x,y)∈E×E, ) tandis que la notation
Qx≠y∈E peut se lire comme un quantificateur de domaine
{(x,y)∈E×E | x≠y} =
(E×E) \ 𝛿E.
Produits finis, opérations et relations
Au-delà de l'opérateur binaire de produit cartésien, on a un opérateur de produit n-aire
entre tout nombre n>1 d'ensembles:
E0×…×En−1
est l'ensemble des n-uplets (x0,…,xn−1)
tels que ∀i∈Vn,
xi∈Ei.
Par exemple, le produit ternaire est
E×F×G =
⋃x∈E⋃y∈F {(x,y,z) | z∈G}
= {(x,y,z) | ((x,y),z))∈(E×F)×G}
où la dernière notation abrége l'utilisation des évaluateurs pour cette
représentation des triplets. On peut aussi la voir comme directement
justifiée par le principe de génération des ensembles:
(∀(x,y,z)∈E×F×G, A(x,y,z))
⇔ (∀x∈E, ∀y∈F, ∀z∈G, A(x,y,z))
Cela justifie finalement la formalisation la plus naturelle des opérations n-aires,
comme fonctions de domaine un produit de n ensembles, d'évaluateur donné en 2.3.
Cela justifie notre première
notation de 2.3 pour les définisseurs d'opérations, comme
utilisation de la notation abrégée de 2.6 pour les symboles liants sur les graphes,
extensible à toute arité.
La notion de relation n-aire sera habituellement être formalisée comme celle d'un
ensemble de n-uplets, partie du produit de ses domaines.
Ainsi, une relation binaire entre deux ensembles E et F sera un graphe
R ⊂ E×F. La relation d'égalité sur un ensemble E se formalise
ainsi par 𝛿E, appelé la diagonale de E×E.
Pour une formalisation spécifiant les domaines E et F des arguments, on peut prendre
le triplet (E,F,R).
Traduction des opérateurs en prédicats
L'usage de tout symbole de foncteur K dans une théorie générique équivaut
à celle d'un symbole de prédicat binaire R avec l'axiome de fonctionnalité
∀x, ∃!y, xRy
Il joue le rôle du "graphe de K", étant définissable à partir de K par
xRy ⇔ y = K(x)
Les termes de la logique du premier ordre utilisant K ne peuvent pas être
ré-exprimés en utilisant R, mais les formules le peuvent: chaque formule
contenant chaque occurrence de K peut être écrite A(K(x))
où x abrège un terme et A abrège une formule comme prédicat unaire;
puis remplacée de manière équivalente par
∃y, xRy ∧ A(y)
∀y, xRy ⇒ A(y)
Il en va de même pour les autres arités: le rôle de tout opérateur n-aire peut être
joué par un prédicat (n+1)-aire avec l'axiome de fonctionnalité. Cette
généralisation s'explique en remplaçant l'argument par un uplet.
Cette construction ne convient pas aux opérateurs de notre théorie des ensembles,
à cause de son utilisation de quantificateurs ouverts. Mais elle est applicable
lorsque les domaines sont des ensembles: les opérations n-aires peuvent
être représentées sous forme de graphes fonctionnels (n+1)-aires.
De nouveaux symboles primitifs
Renforçons
la théorie des ensembles par 3 extensions qui déclarent d'autres
sortes de classes comme
ensembles : les ensembles des parties, les puissances et les produits.
Ces extensions sont équivalentes, en ce sens qu'accepter l'une d'elles comme primitive
suffit pour en tirer les deux autres comme développements.
Elles ressemblent à celles fournies par le principe de
génération des ensembles, mais n'en satisfont plus la condition; ce manque de
justification a des liens profonds avec les aspects d'incomplétude des
mathématiques.
Pour convenir à notre formalisation de la théorie des ensembles
(contrairement à l'approche ZF introduite ci-dessous), chacune de ces extensions est faite de
- Un symbole K (à savoir, deux opérateurs et un symbole liant)
désignant comme ensemble la classe donnée C, d'arguments les paramètres de
C ici abrégés comme une famile y parcourant la classe d'admissibilité voulue de K;
- L'énoncé ∀dK y, Set K(y) ∧ ∀x,
x ∈ K(y) ⇔ Cy(x).
Ensemble des parties. ∀Set E, Set ℘(E)
∧ ∀F, F∈℘(E) ⇔ (Set F ∧ F
⊂ E)
On abrégera aussi ∈ ℘ par ⊂ dans les symboles liants: par exemple
(∀A⊂E,…) ⇔ (∀A∈℘(E),…).
Puissance. ∀Set E,F,
Set FE ∧ ∀f, f ∈ FE ⇔
f : E → F
Produit d'une famille d'ensembles. Le symbole liant ∏ généralise les operateurs de
produit fini à toute famille d'ensembles (∀i∈I, Set Ei):
∀x, x ∈ ∏
i∈I Ei
⇔ (Fnc(x) ∧ Dom x = I ∧ ∀i∈I,
xi ∈ Ei).
Comme pour les uplets, l'évaluateur
de fonction curryfié en sens inverse définit une famille de projections
πi (gardant implicite leur dépendance au produit donné qui
est généralement fixé dans le contexte):
∀i∈I, πi :
∏j∈I Ej → Ei.
Ces symboles préservent l'inclusion comme suit
F ⊂ E ⇒ ℘(F) ⊂ ℘(E)
F ⊂ E ⇒ FG ⊂ EG
(∀i∈I, Fi
⊂ Ei) ⇒ ∏i∈I Fi
⊂ ∏i∈I Ei
Leur équivalence
De chacun de ces 3 symboles, les 2 autres peuvent se définir comme suit.
∏
i∈I
Ei = {x∈ (⋃
i∈I Ei)I
| ∀i∈I, xi ∈ Ei} =
{℩R⃗
| R ⊂ ∐
i∈I
Ei ∧ ∀i∈I, ∃!: R⃗(i)}
FE = ∏x∈E F = {℩R⃗
| R ⊂ E×F ∧ ∀x∈E, ∃!: R⃗(x)}
℘(E) = {f•(1) | f
∈ V2E}
Même certains cas sont exprimables au moyen des outils précédents:
F{a}= {{a}∋x↦y
| y ∈ F}
F∅ = ∏∅↦ = {∅↦}
℘({a}) = {∅,{a}}
∏
i∈I∪J
Ei = {(i∈I ? xi
: yi)i∈I∪J
| (x,y) ∈ ∏
i∈IEi × ∏
i∈JEi}
(∃i∈I, Ei = ∅) ⇒ ∏
i∈IEi = ∅
(∀i∈I, ∃!:Ei) ⇒ ∏
i∈IEi
= {(℩Ei)i∈I}
Théorème de Cantor
Ce fameux théorème est simplement exprimable ainsi:
∀Fnc f, ℘(Dom f) ⊄ Im f.
Preuve pour le cas où tous les f(x) sont des ensembles (auquel le cas général est
réductible):
(E = Dom f ∧ F = {x∈E| x ∉ f(x)})
⇒ (∀x∈E, x ∈ F ⇎ x ∈ f(x))
⇒ (∀x∈E, F ≠ f(x)) ⇒ F
∉ Im f.∎
Le paradoxe de Russell
peut se voir comme le cas particulier du théorème de Cantor pour f = IdE.
L'approche ZF
Dans le formalisme traditionnel ZF de la théorie des ensembles, chaque extension de
ce style est formalisée comme consistant d'abord en un simple énoncé sans symbole spécial,
gardant ∈ comme seule structure primitive:∀...y, ∃X, ∀x,
x ∈ X ⇔ Cy(x).
À savoir,
l'axiome de l'ensemble des parties s'écrit ∀E,
∃X, ∀F, F∈X ⇔ F ⊂ E; d'où les énoncés d'existence
des puissances et produits viennent comme théorèmes.
Puis, les usages de chaque symbole K d'argument y
comme précédemment, désignant ces ensembles, peuvent se justifier comme développées
de là comme abréviations par les règles suivantes.
- ∀x∈K signifie ∀x, C(x)⇒ ;
- l'égalité X=K
signifie (∀x, x ∈ X ⇔ C(x)),
ou de manière equivalente (∀x∈X, C(x))
∧ (∀C x, x ∈ X);
- Toute autre formule utilisant K laissant y libre, s'écrivant
A(K), signifie la formule ainsi abrégée comme
∃X, (X=K)∧A(X).
- Pour pouvoir lier y sur des termes utilisant K, on doit utiliser
le schéma d'axiomes de remplacement.
Mais même le premier cas n'est pas permis dans notre cadre, car il utilise un quantificateur ouvert,
non remplaçable par une formule bornée car ces extensions ne satisfont pas
la condition du principe de génération d'ensembles.
Faute de pouvoir interpréter la formule d'égalité X=K,
même un ensemble donné identique à une classe C ne serait pas identifiable
comme tel. D'où le besoin d'accepter les symboles K comme primitifs,
pour donner un sens effectif à l'énoncé que C coïncide avec un ensemble.
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