3. Algèbre
Cette section sur l'algèbre sera principalement (pour environ 3/4) formée
de concepts extraits de la littérature existante sur l'algèbre universelle et la théorie
des catégories. Cet exposé vise à être relativement court, optimisé et autonome,
axé sur les aspects de base relativement peu nombreux qui m'ont semblé pertinents pour
fournir un cadre solide aux principaux concepts des fondements des mathématiques,
de la géométrie et de la physique. De son côté, la littérature sur le sujet apparait
pléthorique avec des choix de formalisation moins efficaces et de nombreux
autres concepts moins pertinents pour cet objectif. N'y étant pas érudit
(étant découragé par son volume), je ne peux pas vérifier l'originalité des points
et astuces que j'ai inventés avec parfois un vocabulaire et des notations originaux.
3.1. Correspondances de Galois
Points fixes, fonctions idempotentes
L'ensemble des points fixes de toute fonction f se définit par
∀Fnc f, Fix f = {x∈ Dom f
| f(x) = x} ⊂ Dom f ∩ Im f
Ainsi, ∀Fnc f,g, Im f ⊂ Fix g
⇔ (Im f ⊂ Dom g ∧ g⚬f = f)
Une fonction f est dite idempotente si, de façon équivalente,
Im f ⊂ Dom f ∧ f⚬f = f
Im f = Fix f
Fonctions croissantes, décroissantes, strictement croissantes
Entre deux ensembles ordonnés E et F, une fonction f
: E → F sera dite :
- croissante ssi ∀x,y∈E, x ≤ y
⇒ f(x) ≤ f(y)
- décroissante ssi ∀x,y∈E, x ≤ y
⇒ f(y) ≤ f(x)
- strictement croissante ssi ∀x,y∈E, x
≤ y ⇔ f(x) ≤ f(y)
- strictement décroissante ssi ∀x,y∈E, x
≤ y ⇔ f(y) ≤ f(x).
Toute composée d'une chaine de fonctions croissantes ou
décroissantes, est croissante si le nombre de fonctions
décroissantes dans la chaine est pair, ou décroissante s'il est
impair.
Toute fonction strictement croissante ou strictement décroissante
est injective.
Si f ∈ FE et g ∈ EF
sont toutes deux croissantes (resp. toutes deux décroissantes) et
g⚬f = IdE, alors f est
strictement croissante (resp. strictement décroissante).
Ordre entre fonctions, fonctions extensives
Pour tous ensembles E, F où F est ordonné, l'ensemble
FE est ordonné
comme produit (f ≤ g ⇔ ∀x∈E, f(x)
≤ g(x)).
Alors, ∀f,g∈FE,
∀h∈EG, f ≤ g ⇒ f⚬h
≤ g⚬h, autrement dit f ↦ f⚬h
est toujours croissante.
Le cas particulier F = V2 est que h⋆
est croissante de ℘(E) vers ℘(G) pour l'ordre d'inclusion.
Si F et G sont ordonnés et u ∈ GF
est croissante (resp. décroissante) alors FE
∋ f ↦ u⚬f ∈ GE
est croissante (resp. décroissante).
Dans un ensemble ordonné E, une fonction f ∈ EE
est dite extensive si IdE ≤ f,
autrement dit ∀x∈E, x ≤ f(x).
La composée de deux fonctions extensives est extensive.
Correspondances de Galois : définition et exemples
Pour tous ensembles ordonnés E, F, notant F−
l'ensemble F avec l'ordre transposé, l'ensemble des correspondances de Galois
(décroissantes) entre E et F, et celui des correspondances de
Galois croissantes de E vers F, se définissent par
Gal(E,F)
= {(⊥,⊤) ∈ FE×EF|∀x∈E,
∀y∈F, x ≤E⊤(y) ⇔ y ≤F
⊥(x)} = tGal(F,E)
Gal+(E,F)
= {(u,v) ∈ FE×EF|∀x∈E,
∀y∈F, x ≤E v(y) ⇔ u(x)
≤F y} = Gal(E,F−)
Lemme. ∀⊥ ∈ FE, !⊤ ∈
EF, (⊥,⊤) ∈ Gal(E,F).
Preuve: ∀⊤ ∈ EF, (⊥,⊤) ∈ Gal(E,F) ⇔
≤⃖E⚬⊤ = ⊥⋆⚬ ≤⃗F, or
≤⃖E est injective.∎
Correspondances de Galois entre ensembles des parties.
Toute relation R ⊂ X×Y
definit un (⊥,⊤) ∈ Gal(℘(X),℘(Y)) par
∀A⊂X, ⊥(A) = {y∈Y |
∀x∈A, x R y} =
⋂x∈A R⃗(x)
∀B⊂Y, ⊤(B) = {x∈X
| ∀y∈B, x R y} = {x∈X
| B ⊂ R⃗(x)}
Puis, ⊥(∅)=Y and ⊤(∅)=X
Preuve : ∀A⊂X, ∀B⊂F, A ⊂ ⊤(B) ⇔
A×B ⊂ R ⇔ B ⊂ ⊥(A).∎
C'est en fait une bijection :
Gal(℘(X),℘(Y)) ⥬ ℘(X×Y). Preuve:
if (⊥,⊤) ∈ Gal(℘(X),℘(Y)) and R = ∐x∈X
⊥({x}) then
∀B⊂Y, ∀x∈X, x ∈ ⊤(B) ⇔
B ⊂ ⊥({x}) = R⃗(x).∎
Correspondances de Galois croissantes entre ensembles des parties.
Toute relation R ⊂ X×Y définit un (u,v) ∈
Gal+(℘(X),℘(Y)) par
∀A⊂X, u(A) = {y∈Y |
∃x∈A, x R y} = ⋃x∈A
R⃗(x)
∀B⊂Y, v(B) = {x∈X
| R⃗(x) ⊂ B}.
Ainsi, le graphe de toute fonction f : X → Y définit
(A ↦ f[A], B ↦
f⋆(B)) ∈ Gal+(℘(X),℘(Y))
Propriétés des correspondances de Galois
Pour tous (⊥,⊤) ∈ Gal(E,F), les clôtures
Cl =⊤⚬⊥ ∈ EE et Cl′=⊥⚬⊤ ∈ FF satisfont
- Cl et Cl′
sont extensives.
- ⊥ et ⊤ sont décroissantes
- Cl et Cl′ sont croissantes
-
⊥⚬⊤⚬⊥ = ⊥, et de même ⊤⚬⊥⚬⊤ = ⊤
-
Im ⊤ = Im Cl = Fix Cl, appelé
l'ensemble des éléments clos de E.
-
Cl⚬Cl = Cl
-
(⊥ strictement décroissante) ⇔ Inj ⊥ ⇔ Cl = IdE ⇔ Im ⊤ = E
-
∀x,x′∈E, ⊥(x) ≤ ⊥(x′) ⇔
(Im⊤∩ ≤⃗(x) ⊂ ≤⃗(x′)).
- Notant K = Im ⊤, ⊤⚬⊥|K =
IdK, donc ⊥|K
est strictement décroissante et ⊥|K−1 = ⊤|Im⊥.
Preuves:
(1.) ∀x∈E, ⊥(x) ≤ ⊥(x) ∴ x ≤ ⊤(⊥(x)).
(1. ⇒ 2.) ∀x,y∈E, x ≤ y ≤ ⊤(⊥(y))⇒⊥(y) ≤ ⊥(x).
(1.∧2. ⇒ 4.) IdE ≤ Cl ⇒⊥⚬Cl ≤ ⊥ ≤ Cl′⚬⊥ = ⊥⚬⊤⚬⊥.
(4.⇒5.) Cl = ⊤⚬⊥ ∴ Im Cl ⊂ Im⊤ ;
Cl⚬⊤ = ⊤ ∴ Im ⊤ ⊂ Fix Cl ⊂ Im Cl.
2. ⇒ 3. et 4. ⇒ 6. sont évidents.
(7.) (Inj ⊥ ∧ ⊥⚬Cl = ⊥) ⇔ Cl = IdE ⇔ (Im ⊤ = E ∧ Cl⚬⊤ = ⊤);
Cl = IdE ⇒ ⊥ strictement décroissante⇒ Inj ⊥.
(8.) ⊥(x) ≤ ⊥(x′) ⇔ (∀y∈F, x≤⊤(y)
⇒ x′≤ ⊤(y)).
(9.) K = Fix(⊤⚬⊥)
⇒ ⊤⚬⊥⚬IdK = IdK.
Autre preuve : (⊥|K,⊤) ∈ Gal(K,F) avec ⊤ surjective.
Dans ⊤|Im⊥⚬⊥|K = IdK les rôles de
⊤ et ⊥ sont symétriques. ∎
Remarque. Les propriétés 1. et 2. impliquent réciproquement
que (⊥,⊤) ∈ Gal(E,F).
Preuves: ∀x∈E, ∀y∈F, x ≤ ⊤(y) ⇒ y ≤
⊥(⊤(y)) ≤ ⊥(x).∎
Des analogues des propriétés ci-dessus pour les correspondances de
Galois croissantes sont obtenus en inversant l'ordre dans F:
Si (u,v) ∈ Gal+(E,F) alors u
et v sont croissantes, v⚬u est extensive et u⚬v ≤ IdF.
Caractérisation des clôtures
Une clôture d'un ensemble ordonné E est une fonction
f ∈ EE telle que, de façon équivalente:
- Il existe un ensemble F et un (u,v) ∈
Gal(E,F) ou Gal+(E,F)
tel que v⚬u=f
- f est croissante, idempotente et extensive
- ∀x∈E, ∀y∈ Im f, x ≤ y
⇔ f(x) ≤ y, autrement dit (f, IdK)
∈ Gal+(E,K) où K = Im f.
Preuve d'équivalence :
3. ⇒ 1. ⇒ 2.;
pour 2. ⇒3., ∀x∈E,∀y∈K, x ≤ f(x)
≤ y ⇒ x ≤ y ⇒ f(x) ≤ f(y)
= y. ∎
Notes:
- 2. ⇒ 3. est un cas particulier de la remarque: f⚬f =
f ⇒ f⚬IdK
≤ IdK (extensivité
de f⚬IdK
dans K−).
- ∀K⊂E, ∀f∈KE,
(f,IdK) ∈ Gal+(E,K) ⇒
Im f = K par le 7. ci-dessus avec IdK injective.
Pour aller plus
loin sur les correspondances de Galois
Théorie des ensembles et fondements des mathématiques
1. Premiers fondements des mathématiques
2. Théorie
des ensembles
3. Algèbre
3.1. Correspondances de Galois
3.2. Systèmes
relationnels et catégories concrètes
3.3. Algèbres
3.4. Morphismes particuliers
3.5. Monoïdes et catégories
3.6. Actions de monoides et de catégories
3.7. Inversibilité et groupes
3.8. Propriétés dans les catégories
3.9. Objets initiaux et finaux
3.10. Produits de systèmes
3.11. Bases
4. Arithmetic and first-order foundations
5. Second-order foundations
6. Foundations of Geometry
Other languages:
EN : 3.1. Galois
connections