3.5. Monoïdes

Monoïdes de transformations

Une transformation d'un ensemble E est une fonction f de E dans E.
Le monoïde de transformations plein de E est l'ensemble EE de toutes les transformations of E, vu comme une algèbre avec deux opérations: la constante Id, et l'opération binaire ⚬ de composition.
Un monoïde de transformations de E est une {Id,⚬}-algèbre M ∈ Sub{Id,⚬}EE de transformations de E : L'ensemble End(E) des endomorphismes de tout objet E dans une catégorie concrète, est un monoïde de transformations. Tout monoïde de transformations peut se voir comme une catégorie concrète à un seul objet.

Monoïdes

Un monoïde est une algèbre se comportant comme un monoïde de transformations, mais sans préciser d'ensemble que ses éléments peuvent transformer. Comme les symboles Id and ⚬ perdent leur interprétation naturelle, ils sont respectivement renommés e et •. Ainsi, le concept de monoïde est la théorie à un seul type et Les 2 égalités dans l'axiome de neutralité peuvent être prises séparément, formant 2 concepts différents :

S'il existe des éléments e neutre à gauche et e' neutre à droite alors ils sont égaux : e = ee' = e' ce qui en fait l'élément neutre de • (l'unique élément neutre à gauche ou à droite). L'existence d'un élément neutre à droite implique donc l'unicité d'un neutre à gauche, mais sinon plusieurs éléments neutres à gauche pourraient coexister (et de même vice versa).

De toute opération associative sur un ensemble E on peut former un monoïde en ajoutant l'élément neutre e comme élément supplémentaire, E' = E ⊔ {e}, auquel l'interprétation de • s'étend comme déterminé par l'axiome de neutralité. Cela préserve l'associativité; mais tout élément qui était neutre dans E perd son statut d'élément neutre dans E'.

Toute {e,•}-sous-algèbre d'un monoïde est un monoïde, appelé donc un sous-monoïde.

Simplifiabilité

Un élément x est dit simplifiable à gauche pour une opération • si la transformation •(x) (dite composition à gauche par x) est injective:

y,z, xy = xzy = z.

De même il est simplifiable à droite si •(x) est injective:

y,z, yx = zxy = z.

Une opération est dite simplifiable si tous ses éléments sont simplifiables des deux côtés.
Par exemple le monoïde de l'addition dans {0,1, plusieurs} n'est pas simplifiable car 1+plusieurs = plusieurs+plusieurs.
Tout sous-monoïde d'un monoïde simplifiable est simplifiable.
L'existence d'un élément simplifiable à gauche implique l'unicité d'un élément neutre à droite :

ae' = a = aee' = e.

Autres concepts de sous-monoïdes et morphismes

Modifier la formalisation des monoïdes en remplaçant le statut de e comme constante par ∃e dans l'axiome de neutralité, affaiblirait les concepts de sous-monoïdes et morphismes (les rendant moins sélectifs) comme suit.
Pour tout monoïde (M,e,•), tout ensemble X avec une opération binaire ▪, et tout morphisme de composition f ∈ Mor((M,•),(X,▪)), Si la cible forme un monoïde (X,e',▪) alors (par unicité du neutre dans A)

f ∈ Mor{e}(M,X) ⇔ a = e'e'AA ∈ Sub{e, ▪} X

mais ces formules équivalentes peuvent être fausses, sauf si a est simplifiable d'un côté (aa = a = ae'a = e').

Anti-morphismes. L'opposé d'un monoïde est le monoïde de même ensemble de base mais où la composition est remplacée par sa transposée. Un anti-morphisme de (M,e,•) vers (X,e',▪) est un morphisme f d'un monoïde vers l'opposé de l'autre (ou de manière équivalente vice-versa):

f(e) = e'
a,bM, f(ab) = f(b)▪f(a)

Commutants et centralisateurs

Le commutant d'une partie AE pour une opération binaire • dans E, se définit par

C(A) = {xE|∀yA, xy = yx}.

C'est une correspondance de Galois:

A,BE, BC(A) ⇔ AC(B).

On dit que A et B commutent, chaque élément de A commutant avec chaque élément de B.

Si • est associative alors ∀AE, C(A) ∈ Sub{•}F.
Preuve: ∀x,yC(A), (∀zA, xyz = xzy = zxy) ∴ xyC(A).

Les commutants dans les monoïdes sont appelés des centralisateurs. Ce sont plus précisément des sous-monoïdes comme évidemment eC(A).
On peut le comprendre comme une intersection de sous-monoïdes dans le cas d'un monoïde de transformations MXX :

AM, CM(A) = M ∩ EndA X

(Comparée à la correspondance (End, Inv(2)), celle-ci vient par restriction de la relation de préservation à l'ensemble des graphes de fonctions dans M).

Une operation binaire • dans un ensemble E, est dite commutative si • = t•, autrement dit C(E) = E.

Si AC(A) et 〈A{•} = E alors • est commutative.
Preuve: AC(A)∈ Sub{•}FE = C(A) ⇒ AC(E) ∈ Sub{•}FC(E) = E.∎

Pour les monoïdes les conditions AC(A) et 〈A{e,•} = E suffisent.

Catégories

Le concept de monoïde a été introduit comme abstraction des monoïdes de transformations (= catégories concrètes à un seul objet). Maintenant, le concept de catégorie (aussi dite catégorie abstraite) généralise cela aux pluralités d'objets : il diffère du concept de catégorie concrète, en ôtant aux objets et aux morphismes les rôles respectifs d'ensembles et de fonctions. Ainsi une categorie C est faite de:

∘ : Mor(F,G)×Mor(E,F) → Mor(E,G)

satisfaisant les 2 axiomes de neutralité et d'associativité, les quantificateurs ∀C signifiant parcourir la classe des objets : Suivant la commodité de présentation, la composition peut aussi s'écrire transposée, par la notation point-virgule venant de l'informatique :

; = t∘ : Mor(E,F)×Mor(F,G) → Mor(E,G)
x;y = yx

L'ensemble End(E) = Mor(E,E) des endomorphismes de tout objet E, peut être vu comme un monoïde de deux manières opposées, par restriction de ∘ ou ;.

Le concept de catégorie opposée se définit comme les monoïdes opposés, comme relisant la catégorie en échangeant les côtés, le Mor(E,F) de l'un servant comme Mor(F,E) de l'autre. Pour tout concept relatif à une catégorie donnée, son dual désignera le concept semblable suivant la même définition reversant les côtés, ce qui revient à appliquer ce concept à la catégorie opposée ; il sera généralement désigné en ajoutant le préfixe co- au nom du concept.


Théorie des ensembles et fondements des mathématiques
1. Premiers fondements des mathématiques
2. Théorie des ensembles
3. Algèbre
3.1. Correspondance de Galois
3.2. Systèmes relationnels et catégories concrètes
3.3. Algèbres
3.4. Morphismes particuliers
3.5. Monoïdes et catégories
3.6. Actions de monoïdes et de catégories
3.7. Inversibilité et groupes
3.8. Propriétés dans les catégories
3.9. Objets initiaux et finaux
3.10. Produits de systèmes
3.11. Bases
3.12. Composition des relations
4. Arithmetic and first-order foundations
5. Second-order foundations
6. Foundations of Geometry

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EN : 3.5. Monoids and categories