3.6. Actions de monoïdes et de catégories
Actions de monoïdes
Les monoïdes ayant perdu leur rôle d'ensembles de transformations, on peur leur
en rendre un comme suit.
Une action (ou action à gauche) d'un monoïde (M,e, •) sur un ensemble
X, est une opération ⋅ : M×X → X telle que
⋅⃗ ∈ Mor{e,•}(M, XX) :
- ∀x∈X, e⋅x = x
- ∀a,b∈M, ∀x∈X,
(a•b)⋅x = a⋅(b⋅x)
Exemples:
- Tout monoïde agit naturellement sur lui-même par son opération de composition.
- Tout monoïde de transformations (ou autre monoïde agissant) M sur un ensemble
E, agit aussi par restriction sur toute partie M-stable A ⊂ E
(prédicat unaire préservé dans la catégorie concrète M d'objet E).
- En particulier, le monoïde des endomorphismes de tout système typé E =
∐i∈I Ei, agit sur tout type
Ei qu'il contient.
Actions comme structures algébriques
Pour tous ensembles M, X avec des structures de M-algèbre
• : M×M → M et ⋅ : M×X → X (voyant M
comme ensemble de symboles de fonctions),
∀x∈X, ⋅⃖x(e) = x ⇔ e⋅x = x
⋅⃖x ∈ MorM(M,X) ⇔
∀a,b∈M, (a•b)⋅x = a⋅(b⋅x)
•⃖e = IdM ⇔ (∀a∈M,
a•e = a) ⇒ ∀g∈ MorM(M,X),
⋅⃖g(e) = g
où le dernier ⇒ vient par ∀a∈M, a⋅g(e) =
g(a•e) = g(a). Donc dans la formule d'équivalence
∀x∈X, ∀g∈XM,
g = ⋅⃖x ⇔
(g ∈ MorM(M,X) ∧ g(e) = x)
⇒ exprime les axiomes d'action de M sur X ; une telle M-algèbre
(X, ⋅) est appelée un M-ensemble.
⇐ est impliqué par le dernier axiome de monoïde (•⃖e =
IdM); réciproquement, la variante de ⇐ replaçant (X, ⋅) par
(M, •) implique cet axiome :
(IdM
∈ MorM(M,M) ∧ IdM(e)
= e) ∴ •⃖e = IdM
Effectivité et éléments libres
Une action de M sur X est dite effective si ⋅⃗ : M
↪ XX :
∀a,b∈M, (∀x∈X,
a·x = b·x) ⇒ a = b
Une action effective est une manière de voir un monoïde comme un monoïde de transformations
(Im ⋅⃗ ∈ Sub{Id,⚬}XX), en utilisant cette action en guise
d'évaluateur de fonction. En effet, la
condition d'effectivité est similaire à l'axiome
(=Fnc), rendant unique la fonction de domaine E donné répondant à toute
définition de la forme (∀x∈E, f(x) =...).
Ainsi, les axiomes d'action reviennent à définir e et • comme jouant avec cette action,
les mêmes rôles que ceux de Id et ⚬ avec l'évaluateur de fonction.
Un élément x∈X d'un M-ensemble (X, ·), est libre
si ⋅⃖x : M ↪ X. L'existence
d'un élément libre implique que l'action est effective:
(∃x∈X,
∀a≠b∈M, a·x ≠ b·x)
⇒ (∀a≠b∈M, ∃x∈X,
a·x ≠ b·x)
Inj(πx ⚬ ⋅⃗ ) ⇒ Inj ⋅⃗
Pour l'action naturelle
d'un monoïde sur lui-même, l'élément neutre est libre. Donc, cette action est effective.
Trajectoires
La trajectoire d'un élément x∈E par l'action d'un monoïde
M sur E, se définit de façon équivalente:
〈{x}〉M = {a⋅x | a∈M} =
Im ⋅⃖x ⊂ E
En effet, 〈{x}〉M ⊂ Im ⋅⃖x car
x = ⋅⃖x(e) ∈ Im ⋅⃖x ∈
SubM E.
La réciproque est évidente.
Actions à droite
Le concept d'action à droite d'un monoïde M sur un ensemble X,
diffère de l'action à gauche par l'échange des côtés: c'est une opération
⋅ : X × M → X
telle que
- ∀x∈X, x⋅e = x;
- ∀a,b∈M, ∀x∈X,
(x⋅a)⋅b = x ⋅(a•b)
Il équivaut à une action à gauche du monoïde opposé, et définit un anti-morphisme de M
vers XX.
La commutation de 2 sous-monoïdes de XX ressemble à une
formule d'associativité quand on les voit comme agissant par les côtés opposés sur
X: a∈M agissant sur X commute avec b∈N
co-agissant sur X si
∀x∈X,
(a⋅x)⋅b = a⋅(x⋅b)
Actions de catégories
Generalisant le cas des monoïdes, une action α d'une catégorie C donne pour
chaque objet X de C un ensemble Xα, et pour chaque
f ∈ Mor(X,Y) une fonction fα :
Xα → Yα, préservant éléments neutres et compositions:
∀CX, (1X)α
= IdXα
∀CX,Y,Z, ∀f∈ Mor(X,Y),
∀g∈ Mor(Y,Z), (g∘f)α =
gα⚬fα
La catégorie C avec l'action α sera dite une catégorie agissante
et notée Cα.
Une catégorie agissante Cα
est effective si ∀CX,Y,
Inj(Mor(X,Y)∋ f ↦ fα).
Une catégorie agissante effective est synonyme d'une catégorie concrète.
Même si non effective, une catégorie agissante Cα définit une catégorie concrète
|Cα| d'objets les ensembles Xα, et
d'ensembles de morphismes
Mor(Xα, Yα) =
{fα | f∈Mor(X,Y)}
De même par dualité, une co-action β d'une categorie C (formant une categorie
co-agissante Cβ) donne à chaque objet X de C un
ensemble Xβ, et à chaque morphisme
f ∈ Mor(X,Y) une fonction fβ :
Yβ → Xβ, préservant les éléments neutres, et
anti-préservant les compositions: ∀CX,
(1X)β = IdXβ
∀CX,Y,Z, ∀f∈ Mor(X,Y),
∀g∈ Mor(Y,Z), (g∘f)β =
fβ⚬gβ
Dans la littérature, les co-actions de catégories sont appelées des préfaisceaux.
Les actions et co-actions d'une catégorie peuvent être considérées comme des méta-algèbres typées avec des types donnés par ses objets et des symboles de fonction donnés par ses morphismes.
Quelques constructions d'actions
Etant donné une action α de C, une sous-action de α est une action β de C
définie par restriction de α à un prédicat unaire préservé :
∀CX, Xβ ⊂ Xα
∀CX,Y, ∀f∈ Mor(X,Y),
fα[Xβ] ⊂ Yβ ∧
fβ = fα|Xβ.
Généralisant l'action naturelle des monoïdes sur eux-mêmes, chaque choix d'un objet
M définit une catégorie agissante C(M) où
∀CX, X(M) = Mor(M,X)
∀f∈Mor(X,Y), f(M) =
Hom(M, f)
= ∘⃗(f)|Mor(M,X) :
X(M) → Y(M)
et une catégorie co-agissante C(M) où
∀CX, X(M) =
Mor(X,M)
∀f∈Mor(X,Y), f(M)
= Hom(f,M) = ∘⃖(f)|Mor(Y,M) :
Y(M) → X(M)
Si C est une catégorie concrète alors C(M) est une sous-action
de CM (qui à tout X donne XM),
et C(M) est une sous-co-action de CM
(qui à tout X donne MX).
Les axiomes de monoïde M et de M-ensembles X peuvent se lire comme
contenus dans les axiomes de catégories. A savoir, choisissant un objet K d'une catégorie C,
soit M = End(K). Alors tout objet E définit un M-ensemble
X = K(E) = E(K).
Comme les actions par composition de côtés opposés commutent par associativité, les
morphismes dans la catégorie co-agissante C(K) préservent
cette M-structure :
∀f ∈Mor(E,F), f(K) ∈
MorM(F(K), E(K))
∀x∈X=Mor(E,K), x(K) =
⋅⃖x ∈ MorM(K(K),
E(K)).
Trajectoires des uplets dans les catégories concrètes
Pour toute categorie concrète C et tout n∈ℕ, les trajectoires de l'action
Cn de C sont
des relations préservées : pour tout uplet fixé t d'éléments d'un objet K, la
trajectoire s de t par C, interprétée par
∀CE, sE = {f⚬t |
f ∈ Mor(K,E)}, est préservée.
Preuve : ∀g∈Mor(E,F), ∀x∈sE,
∃f∈Mor(K,E), (x = f⚬t ∧
g⚬f ∈ Mor(K,F)) ∴ g⚬x
= g⚬f⚬t ∈ sF.∎
Dans le cas d'une inclusion entre objets E ⊂ F le sE ainsi défini
pourrait différer de la restriction de sF à E mais cela
ne survient habituellement pas dans les cas utiles.
Théorie des ensembles et fondements des mathématiques
1. Premiers fondements des mathématiques
2. Théorie
des ensembles
3. Algèbre
3.1. Correspondance
de Galois
3.2. Systèmes
relationnels et catégories concrètes
3.3. Algèbres
3.4. Morphismes particuliers
3.5. Monoïdes et catégories
3.6. Actions de monoïdes et de catégories
3.7. Inversibilité et groupes
3.8. Propriétés dans les catégories
3.9. Objets initiaux et finaux
3.10. Produits de systèmes
3.11. Bases
3.12. Composition des relations
4. Arithmetic and first-order foundations
5. Second-order foundations
6. Foundations of Geometry
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3.6. Actions of monoids and categories