3.3. Algèbres
Algèbres et leurs morphismes
Étant donné un langage algébrique L, une L-algèbre
est la donnée (E,φ) d'un ensemble E et d'une L-structure
algébrique φ : LE → E, somme d'une famille
d'interprétations de chaque symbole s∈L comme
opération ⃗φ(s)∈OpE(ns).
Là encore, on considèrera habituellement une classe de L-algèbres
avec un seul choix de structure algébrique φE sur chaque ensemble E,
de sorte qu'une algèbre (E,φE) pourra être désignée en bref
par son ensemble sous-jacent E :
sE : Ens
→ E
φE = ∐s∈L
sE : LE → E
(mais ces sE ne peuvent pas être les restrictions d'un même opérateur
ns-aire à chaque E, si on veut permettre des symboles de
constantes r et s interprétées dans des algèbres E et F avec
rE = sE mais rF ≠ sF).
Les algèbres forment une catégorie concrète avec les ensembles de morphismes suivants.
Pour toutes L-algèbres E, F,
MorL(E,F) = {f∈FE |
∀(s,x)∈LE, sF(f⚬x) =
f(sE(x))} = {f∈FE|
φF⚬fL = f⚬φE}.
Quand c∈L est une constante (nc = 0), cette
condition sur f dit que f(cE) = cF.
Algèbres comme systèmes relationnels
Toute catégorie d'algèbres est identifiable à une catégorie de systèmes relationnels
de structure fonctionnelle, comme suit.
Soit L' la copie de L comme langage relationnel, où la
copie s'∈L' de chaque s∈L est d'arité augmentée
ns' = ns+1, de sorte que
L'E ⇌ ∐s∈L
Ens×E ⇌
LE × E = {((s,x),y) | s∈L ∧
x∈Ens ∧ y∈E}.
∐s∈L Gr sE ⇌ Gr φE
⊂ LE × E
Appelons L-système tout ensemble E
avec une structure formalisée comme E ⊂ LE × E.
Tous les concepts définis pour les systèmes relationnels sont également applicables
à travers cette bijection canonique.
Qualités des systèmes avec langages algébriques
D'autres propriétés des L-systèmes (E, E) seront nommées d'après
les qualités de la relation
E: qualifions (E, E) de- Fonctionnel ou une algèbre partielle
si E est fonctionnel (graphe d'une fonction sur une partie de LE);
- Sériel si Dom E = LE;
- Algébrique si fonctionnel et sériel, donc essentiellement une algèbre
(E, φE) où E = Gr φE ;
- Injectif if tE est fonctionnel ;
- Surjectif si Im E = E.
Le concept de morphisme entre algèbres (E, φE),
(F, φF) est le cas particulier de celui entre
systèmes lorsqu'ils sont algébriques :
∀f∈FE, (∀(x,y)∈Gr φE,
(Lf(x),f(y)) ∈ Gr φF) ⇔
(∀x∈LE, φF(Lf(x))
= f(φE(x))).
De même, entre une algèbre partielle (E, Gr φE) et un système injectif
(F, tGr ψF), les ensembles de morphismes sont
définis par MorL(E,F) =
{f∈FE | Im f⚬φE ⊂ Dom ψF ∧
Lf|Dom φE =
ψF⚬f⚬φE}
MorL(F,E) =
{f∈EF | Im Lf⚬ψF
⊂ Dom φE ∧
φE⚬Lf⚬ψF = f|Dom
ψF}
S'il existe un morphisme injectif de E vers F alors
- Si F est fonctionnel alors E est fonctionnel;
- Si F est injectif alors E est injectif.
S'il existe un morphisme surjectif de E vers F alors
- Si E est sériel alors F est sériel;
- Si E est surjectif alors F est surjectif.
Parties stables et sous-algèbres
Toute partie A⊂E d'un L-système (E, E), forme un système de
structure A = E ∩ (LA × A). Si E est fonctionel
ou injectif alors A a la même propriété.
A sera dite stable par L ou L-stable, si
E⋆(LA) ⊂ A.
L'ensembles des parties stables de E s'écrit SubL E :
SubL E = {A⊂E | E⋆(LA)
⊂ A} = {A⊂E | ∀((s,x),y)∈E,
Im x⊂A ⇒ y∈A}.
On a E ∈ SubL E.
Si E est sériel et A est L-stable, alors A est sériel.
Si E est algébrique et A est L-stable alors A est algébrique, ainsi appelée
L-sous-algèbre de E. En tant que L-algèbre, sa structure est
φA = φE|LA.
Réciproquement, toute partie algébrique d'une algèbre partielle est stable.
Si une formule de la forme (∀(variables), formule sans symbole liant) est vraie dans une
L-algèbre, alors elle est vraie dans chacune de ses L-sous-algèbres.
Une formulation très abstraite et générale de cela viendra en 3.9.
Diverses propriétés de la stabilité
Intersections de parties stables. ∀X ⊂ SubLE,
⋂X ∈ SubL E où ⋂X ≝
{x∈E | ∀B∈X, x∈B}.
Preuve:
∀(x,y)∈E, x∈L⋂X ⇒ (∀B∈X,
x∈LB ∴ y∈B) ⇒ y∈⋂X. ∎
Autre méthode:
E⋆(L⋂X) =
E⋆(⋂B∈X LB)
⊂ ⋂B∈X
E⋆(LB) ⊂ ⋂X.
Partie stable engendrée par une partie. ∀A⊂E, on note
〈A〉L,E or simply 〈A〉L, la plus petite
partie L-stable de E incluant A
(appelée L-sous-algèbre de E engendrée par A si E est une algèbre):
〈A〉L=
⋂{B∈SubLE | A⊂B} =
{x∈E | ∀B∈SubLE, A⊂B
⇒ x∈B} ∈ SubLE.
Pour E et L fixés, cette fonction A↦〈A〉L est la
clôture d'image SubLE,
de la relation ∈ entre E et SubLE:
∀X⊂E, ∀Y⊂SubLE, X ⊂ ⋂Y
⇔ (∀B∈Y, X⊂B) ⇔ Y ⊂ {B∈ SubLE | X⊂B}.
On dit que A engendre E ou est une partie génératrice de
E si 〈A〉L=E.
Stabilité des égaliseurs. L'égaliseur
Eq(f, g) = {x∈E | f(x) = g(x)}
de deux L-morphismes quelconques f,g∈
MorL(E,F)
d'un L-système E vers une L-algèbre partielle F est L-stable.
Preuve : LEq(f, g) = {(s,x)∈LE |
f⚬x = g⚬x} = {x∈LE |
Lf(x) = Lg(x)}
∀(x,y)∈E, (Lf(x) = Lg(x)
∧ (Lf(x), f(y)) ∈ F ∧ (Lg(x),
g(y)) ∈ F) ⇒ f(y) = g(y). ∎
Preuve quand F est une algèbre : ∀(x,y)∈E,
Lf(x) = Lg(x) ⇒
f(y) = φF(Lf(x)) = g(y).
Systèmes minimaux
Pour tout L-système E, sa partie stable minimale
se définit par
MinLE = 〈∅〉L,E
= ⋂ SubLE ∈ SubL E.
On l'appelle sous-algèbre minimale si E est une L-algèbre.
Un L-système E est minimal is E = MinL
E, ou de façon équivalente SubLE = {E}.
Pour tout L-système minimal E et toute L-algèbre partielle F,
!: MorL(E,F).
Pour tout L-système E et tout A⊂E,
- ∀B∈ SubLE, A ∩ B ∈ SubL A
- MinL A ⊂ MinL E
- A est minimal ⇒ A ⊂ MinL E
- A ∈ SubLE ⇒ E⋆(LA)
∈ SubLE ∩ ℘(A) = SubLA
- A ∈ SubLE ⇒
MinLA = MinLE
- A = MinLE ⇔ (A est minimal ∧ A∈ SubLE) ⇒ E⋆(LA) = A
En particulier, tout L-système minimal est surjectif.
- 〈A〉L = MinL∪A E où A
est vu comme ensemble de constantes.
- A ∪ E⋆(LA) ⊂ 〈A〉L =
A ∪ E⋆(L〈A〉L)
- E⋆A ⊂ LA ⇒ MinL A = A ∩ MinL E
Pour la dernière propriété, on sait déjà MinL A ⊂ A ∩ MinL E; pour la
réciproque, utilisant MinL A ∈ SubL A,
E⋆A ⊂ LA ⇒ MinL A ∪
(E\A) ∈ SubL E ⇒ MinL E ⊂ MinL A ∪
(E\A) ⇒ A ∩ MinL E ⊂ MinL A.∎
Théorème de Cantor-Bernstein
S'il existe des injections f: E ↪ F et
g: F ↪ E alors il existe une bijection entre E et F.
Preuve. 〈∁E Im g〉{g⚬f} = A =
(∁E Im g) ∪ g[f[A]] ⇒ ∁E
A = g[∁F f[A]] ⇒ (E ∋ x ↦
x∈A ? f(x) : g-1(x)) : E ↔ F ∎
Théorie des ensembles et fondements des mathématiques
1. Premiers fondements des mathématiques
2. Théorie
des ensembles
3. Algèbre
3.1. Correspondance
de Galois
3.2. Systèmes
relationnels et catégories concrètes
3.3. Algèbres
3.4. Morphismes particuliers
3.5. Monoïdes et catégories
3.6. Actions de monoides et de catégories
3.7. Inversibilité et groupes
3.8. Propriétés dans les catégories
3.9. Objets initiaux et finaux
3.10. Produits de systèmes
3.11. Bases
4. Arithmetic and first-order foundations
5. Second-order foundations
6. Foundations of Geometry
Other languages:
EN :
3.3. Algebras